Un magnifique film du cinéaste Haïtien Arnold Antonin

par Gérard

Ce film analyse les rapports ambigus et profonds du peuple haïtien avec la mer. La mer, la vie, la mort, la poésie...

Ainsi parla la mer : Un documentaire d’Arnold Antonin tourne en Haïti avec la voix de Gessica Généus dans le rôle de la Mer, texte de Gary Victor et musique originale de Bic. Avec le soutien du Ministère de l’Environnement et d’ONU environnement.
Pour une fois, et c’est assez rare ; Haïti n’est pas présenté sous le jour sombre de la misère. Un documentaire qui sans doute encourage ceux qui aident ce pays à continuer à aider pour que des jours meilleurs surviennent enfin.
De l’autre côté, du côté sombre des choses, que le film aborde aussi, il y a ces ravines, qui traversent les villes et charrient les ordures vers la mer...
Voici un poème qui en parle.
Ravine.

Ma douleur longe la ravine
Qui serpente entre les ordures,
Elle s’est comme ouvert les veines
Parmi les chiens qui s’aventurent ,
Des mille maux que l’on devine,
Tel un sang noir, dégoutte à peine.

En bas la mer empoisonnée !
Ainsi s’épanchent en plaies le pus
Ma douleur longe la ravine
Entre les porcs, fouisseurs têtus.
Île en tenure, écartelée,
Quel feu chaque jour te calcine ?

Où es-tu Suze ma frangine
Entre les taudis bigarrés
Où ton petit est enterré ?
Comme un toit qui s’est envolé,
Ma douleur longe la ravine
Où les cœurs vont, désemparés.

Dans les flaques, les illusions.
Ma Laura, rieuse, gamine,
Sous le soleil coulant son plomb
Tu rêvais du monde en ta main :
Une balle, un sale matin,
T’a bousculée vers la ravine.

Errant parmi les détritus,
Elle s’est comme ouvert les veines,
Entre les pieds des gosses nus.
Ma douleur longe la ravine
Vois ! son sang noir dégoutte à peine…
Un jasmin fleurit la colline.

Voir en ligne : Ce que la mer m’a dit (Ainsi parla la mer)