Chacun le sait, notre planète, dans ce qu’elle peut procurer aux humains qui l’habitent, est limitée, comme elle l’est dans ce qu’elle peut absorber en termes de déchets et de poisons. « L’empreinte écologique » nous donne des outils pour réfléchir à ce problème.
Quand je mange un œuf, un poisson, une salade, quand je me déplace pour aller à l’école ou au travail, quand j’allume la lumière, quand je prends une douche, quand j’achète un vélo, je consomme des ressources naturelles. Chacune de ces activités implique une ponction d’une petite partie de tout ce que le planète fournit . Quand je lave la vaisselle, que je mets une revue à la poubelle, ou que prends mon scooter, je déverse des déchets que la planète doit absorber, et qui ont déjà puisé dans les ressources pour leur fabrication…
A l’origine de ces ressources, au bout des déchets, il y a toujours une source : une partie de la terre vivante, des océans, de l’écosystème.
Qu’est-ce que l’empreinte écologique ?
Nous habitons dans une maison ou dans un appartement. Mais pour vivre, nous avons besoin de beaucoup de choses qui viennent de l’extérieur : pour manger, nous déplacer, acheter des objets, consommer de l’énergie, des matières premières ou transformées…tout ceci représente une surface bien plus grande, théoriquement, que les quelques mètres carrés de notre habitation. C’est cela qui est traduit en « surface », (en hectares) dans le concept d’ « empreinte écologique ».
L’Empreinte écologique permet une représentation simple de l’impact des activités humaines sur les écosystèmes de la planète. En clair, chacune de nos activités ponctionne quelque chose sur les réserves de la planète, les endommage, ou les transforme. L’empreinte écologique mesure symboliquement, en termes de surface, la somme des actes qui permettent à des individus, des groupes, des villes, des pays…de vivre, maintenir un niveau de vie, ou tout simplement, pour les plus pauvres, survivre…
On pourrait dire ( Wikipédia) « L’empreinte écologique quantifie pour un individu ou une population la surface bioproductive nécessaire pour produire les principales ressources consommées par cette population et pour absorber ses déchets ».
Pourquoi « surface » pour exprimer l’empreinte ?
Pour cela il faut une norme : c’est celle de la surface virtuelle estimée disponible, sur terre, pour chaque individu. Nous sommes 6,5 milliards, environ… pour le moment. Cette surface représente une réalité bien tangible : dans notre monde limité où la population augmente, où les besoins sont de plus en plus grands, chacun comprendra ainsi, placé devant son évaluation propre, que nous absorbons plus, ensemble, que ce que la planète pourra donner durablement. Plus l’entité testée est « lourde » plus son empreinte sera profonde. Cela permettra aussi de se rendre compte des inégalités au niveau des empreintes, entre les groupes humains.
L’empreinte écologique globale. La surexploitation des réserves. La pollution.
La dégradation de notre milieu de vie
La superficie totale de la terre en considérant la population comme près de 7 Milliards d’individus, donnerait à chacun une empreinte possible de 7,2 hectares…
Mais il faut soustraire les surfaces destinées à la faune et à la flore sans lesquelles nous ne pourrions survivre, en tenant compte des besoins en « espace » des autres espèces, aussi nécessaires à notre survie…et dans une certaine mesure, il faut soustraire les terres improductives, déserts, banquises, glaciers, montagnes… il reste par habitants une surface de 1,3 hectares par personne !
La moyenne utilisée aujourd’hui par chaque habitant de la terre est 2,23 hectares environ ! L’empreinte écologique totale dépasse donc déjà largement la capacité biologique de la terre à produire nos ressources et absorber nos déchets et les diverses perturbations que nous causons aux écosystèmes.
Notons en outre que cette consommation génère des perturbations qui diminuent les « surfaces biologiques productrices » : si une mer devient stérile, si une région, polluée (Tchernobyl ) ces superficies sont à déduire de celles qui sont disponibles pour les habitants de la planète. L’ épuisement des ressources fossiles du sous-sol, la disparition des espèces, les déboisements, et toutes les surconsommations des réserves naturelles, les pollutions qui induisent un réchauffement climatique etc…
Nous comprenons seulement maintenant qu’il faut inverser l’augmentation de la surexploitation de nos richesses collectives….alors que des lanceurs d’alerte nous le crient depuis 50 ans ! Aucun des engagements des différentes nations n’a été suivi d’effets. La folie d’une croissance irraisonnée prônée par presque tous les dirigeants des nations, la difficulté à changer en profondeur notre mode de consommation nous mènent à une catastrophe annoncée.
Empreinte écologique et survie de la planète. ( Source :Doc WWF)
L’Indice Planète Vivante indique que la santé de la planète décline rapidement suite à notre consommation croissante de ressources naturelles. L’indice suit l’évolution des populations de plus de mille espèces. Il révèle qu’entre 1970 et 2000, les espèces terrestres et marines ont accusé un déclin global de 30 pour cent, déclin qui atteint 50 pour cent en ce qui concerne les espèces d’eau douce.
Le WWF est persuadé que ce déclin est la conséquence directe de la demande humaine croissante en nourriture, fibre, énergie et eau.
Les données du nouveau rapport, nombreuses et très détaillées, ne font que confirmer la tendance déjà mise en avant dans les précédentes publications Planète vivante du WWF : notre "empreinte écologique" – la mesure de la pression exercée par l’espèce humaine sur les ressources naturelles – s’est accrue de 250 pour cent depuis 1961.
D’après le rapport 2004, l’empreinte écologique est de 2,2 hectares par personne alors qu’il n’y a que 1,8 hectares de terre disponible pour fournir les ressources naturelles nécessaires à chaque individu sur la planète. Ce dernier chiffre est obtenu en divisant les 11,3 milliards d’hectares de terre et de mer productifs par les 6,1 milliards d’habitants du globe.
Quelques chiffres
- Empreinte écologique : moyenne mondiale : 2, 23 hectares
- Empreinte écologique disponible : 1,3 hectares
Les chiffres ci-dessous sont empruntés à « Living Planet report » www.panda.org)
Continents (Empreinte écologique en hectares)
Amérique du Nord | 9,4 |
Union Européenne | 4,8 |
Europe ( hors UE) | 3,8 |
Moyen Orient et Asie centrale | 2,2 |
Amérique Latine caraïbes | 2,0 |
Asie (et Océanie) | 1,3 |
Afrique | 1,1 |
Pays (Empreinte écologique en hectares)
Emirats Arabes unis | 11,9 |
USA | 9,6 |
Canada | 6,4 |
France | 5,8 |
Belgique Luxembourg | 5,6 |
Royaume Uni | 5,4 |
Allemagne | 4,8 |
Pays Bas | 4,4 |
Hongrie | 3,5 |
Turquie | 2,1 |
Brésil | 2,1 |
Algérie | 1,6 |
Chine | 1,6 |
Kenya | 0,8 |
Inde | 0,8 |
Somalie | 0,4 |
Il est évident que l’impact de l’emprunte d’un petit pas comme la Belgique ou les Emirats sur la planète, même si elle dépasse très largement la moyenne mondiale, n’est pas comparable à celui d’un immense pays comme les USA.
Le concept d’empreinte écologique est un outil pour tous, il nous permet de nous faire une idée, à partir de données bien précises que sont nos références personnelles, de la manière dont nous marquons le monde de notre empreinte. Nous n’en avons pas forcément conscience.
Nous pouvons ainsi :
¤ Nous servir des chiffres pour calculer la « surface de territoire terrien » que nous nous attribuons
¤ Mieux comprendre que les zones urbaines et les zones rurales sont en étroite interdépendance
¤ Comprendre combien nous sommes impliqués à tous les niveaux dans la globalisation des activités humaines.
¤ Devenir conscients que pour sauver la terre nous devons tous participer au efforts vers le développement durable
¤ Comprendre que le monde souffre d très graves inégalité quant au partage des ressources de la planète.
¤ Se faire une idée de ce que devra être notre consommation durant les années qui viennent, en quantité et en qualité.
¤ Voir avec un autre regard la propagande qui est faite pour développer une consommation déraisonnable, une croissance qui pousse au gaspillage.
¤ Prendre conscience du rôle de chacun au regard des possibilités de la planète.
¤ Définir une attitude à avoir par rapport aux autres pays de la planète, en comparant la situation des différents pays.
Différentes sortes d’empreintes écologiques font partie du calcul général.
Empreinte énergétique, ou empreinte écologique par type d’énergie utilisée.
Notre empreinte énergétique, dominée par l’utilisation de combustibles fossiles tels que charbon, pétrole et gaz, est particulièrement alarmante. C’est la composante de l’empreinte écologique qui a connu la croissance la plus rapide, augmentant de près de 700 pour cent entre 1961 et 2001.
Le WWF souligne que la surexploitation de ces combustibles place toute l’humanité sous la menace du réchauffement climatique.
Il est urgent que les gouvernements, les entreprises et le public investissent dans les énergies renouvelables, que les technologies économes en énergie déjà disponibles soient utilisées dans l’industrie, le bâtiment et les transports et que la recherche se poursuive dans ces domaines.
Le rapport met en évidence le niveau de consommation particulièrement non durable de l’Europe occidentale. L’empreinte d’un Européen occidental moyen s’élève à plus du double de la moyenne globale – et représente près de quatre fois celle d’un habitant d’Asie et du Pacifique.
"Un mode de vie respectueux des équilibres naturels peut tout à fait être compatible avec un haut niveau de vie," estime Jonathan Loh, l’un des auteurs du rapport. "Mais pour cela, il faut s’assurer que nos activités ne gaspillent pas les ressources naturelles, et arrêter de consommer sur le dos des pays en voie de développement."
L’empreinte écologique est très liée à l’utilisation des énergies fossiles, mais pas seulement.
Au niveau des biocarburants, certains, notamment l’éthanol, ont une forte empreinte écologique, soit directe (déforestation au Brésil, déplacements de productions alimentaires dans d’autres pays) soit indirecte (forte consommation de dérivés pétroliers pour produire de l’éthanol dans les pays tempérés).
Contrairement aux apparences, l’énergie nucléaire a aussi une empreinte écologique non négligeable, en raison de certains défauts de cette filière par rapport aux principes de responsabilité sociale des entreprises (RSE) : déchets nucléaires, nécessité de détruire les centrales au bout de quelques décennies et de retraiter les énormes quantités de déchets correspondants, cycle ouvert, risques de prolifération.
Les experts donnent des estimations d’empreinte écologique par type d’énergie.
En ce qui concerne les énergies fossiles, et plus particulièrement le pétrole, les études de prospective initiées il y a quelques années en Suède sur le pic pétrolier ( « peak oil » en anglais) cherchent à définir des stratégies innovantes. Le pic de consommation du pétrole devrait intervenir entre 2015 et 2025 (selon les experts).
Pour l’instant, l’électricité n’est pas prise en compte par les calculateurs, faute de consensus entre expert, mais cette question est à l’étude.
Empreinte « EAU »
Le concerpt d’empreinte « eau » a été introduit en 2002. Il évalue le volume d’eau nécessaire pour répondre aux besoins d’une population donnée. La méthode utilisée pour évaluer l’empreinte EAU est très proche de celle utilisée pouer calculer l’empreinte écologique, à quelques différences près : par exemple, il a été choisi de prendre en comptela source et les conditions de production de s produits pour évéluer le volume d’eau utilisé, ce qui permet de localiser précisément l’empreinte eeau au sein d’un pays.
Au niveau des résultatson note des similrités ( l’alimentation a un fort impact sur les deux empreintes) ett des différences (les transports ont plus d’impact sur l’empreinte écologique que sur l’empreinte eau.
Comme pour l’empreinte écologique, il est possible de comparer les empreintes eau moyennes par pays :
L’empreinte eau d’un Chinois était de 702 M3/ habitant/ an.
Hhabitant des Etats Unis était de 2483 M3.
Français était de 1875 M3.
On peut aussi calculer l’empreinte eau de différents produits :
1 Kg de Maïs : 900 litres.
1 Tee-shirt en coton : 2700 litres
1 hamburger : 2400 litres
1 Kg de bœuf : 15500 litres
1 feuille A4 : 10 litres.
1 tasse de café : 10 litres.
( Info wwF)
Nous vous donnons deux sites qui offrent des tests de calcul. Il y en a beaucoup.
www.cite.sciences.fr ( Pour enfants, ados , adultes…)
www.ptitsreperes.com ( très joli site, ludique, pour les enfants)
Réduire l’empreinte écologique (Document Ekopedia)
Au niveau mondial, les mesures qui permettraient de diminuer l’empreinte écologique mondiale sont la préservation de la biodiversité, la diminution de la population mondiale, la diminution de la consommation et la meilleure gestion des ressources naturelles.
Quelques pistes pour essayer de réduire son empreinte environnementale à titre individuel :
Cuisiner plutôt que d’acheter des plats préparés
Manger moins de viande ou encore devenir végétarien
Manger des produits locaux et de saison
Privilégier les transports en commun, le covoiturage, la marche et le vélo pour se déplacer
Diminuer les voyages en avion, en particulier les longs trajets en avion pour des courts séjours
Réduire l’utilisation de la voiture, par exemple pour les petits trajets
Choisir une voiture qui consomme peu de carburant et bien l’entretenir
Utiliser des énergies renouvelables
Choisir un logement dont la taille corresponde au nombre d’occupants
Bien isoler son logement
Économiser l’eau et l’énergie
Refuser le gaspillage sous toutes ses formes
Consommer "durable" : éviter d’acheter des produits inutiles, jetables ou polluants. S’intéresser à l’agriculture biologique, aux écolabels, aux produits de seconde main et aux produits fabriqués localement.
Empreinte écologique , inégalités, injustices.
(Document Wikipedia)
L’empreinte écologique permet de visualiser précisément l’inégalité des conséquences du développement économique sur les différents territoires et populations. Son calcul pour différentes situations permet en effet plusieurs opérations éloquentes :
comparer la situation de différents territoires et leur évolution
montrer la dépendance d’un territoire par rapport à d’autres souvent plus pauvres, pour rétablir des rapports plus justes et équitables
montrer qu’avec nos modes de développement et déplacements gaspilleurs en ressources, ceux qui bénéficient d’un niveau de vie jugé simplement correct prélèvent déjà plus que leur part "légitime" et soutenable, même s’ils paient ce "privilège" à un prix jugé « normal » déterminé par le marché. (Les écotaxes pourraient aussi s’appuyer sur l’empreinte écologique).
L’empreinte écologique est ainsi un instrument pédagogique irremplaçable pour démontrer les liens du caractère plus ou moins soutenable du développement avec l’accroissement des inégalités.
Les décroissantistes se fondent sur cet indicateur pour justifier la mise en place de politiques de décroissance dans les pays riches.
Empreinte écologique et inégalités
Une empreinte écologique faible peut-être choisie ou subie, plus ou moins facilement ou difficilement selon la productivité de l’environnement dans lequel on vit, et selon le nombre de personnes qui ont besoin d’y prélever les ressources nécessaires à leur vie. Les hommes ne sont pas égaux non plus face à la géographie des conséquences des dérèglements climatiques et écologiques. Les pays les plus pauvres ont encore, une empreinte écologique par personne inférieure au niveau moyen qui serait supportable par la planète, mais aspirent à se développer et ont généralement une démographie élevée. Certains évoquent une double dette écologique ; 1) des pays riches envers les pays pauvres et des générations actuelles envers les générations futures : les premiers « empruntent » (sans les payer ou en ne les payant pas au juste prix, tant qu’il n’y a pas de fortes taxes) d’énormes surface de ressources naturelles, terres arables, forêts, essentiellement situées dans les pays du Sud. Ils y exportent une partie de leurs pollutions (et notamment celles qui ne connaîssent pas de frontière,dont les gaz à effet de serre.
L’inégalité mondiale face aux ressources bioproductives et à leur l’accès se retrouve aux niveaux nationaux, régionaux et locaux. En toute première approximation, l’empreinte écologique des ménages est proportionnelle à leur consommation, et donc à leur revenu, si l’on raisonne à un moment donné du temps. Les Rmistes ou les smicards ne prennent pas l’avion et n’achètent pas de 4x4 ou d’habitations de luxe, et n’ont pas non plus accès à la nourriture bio, aux appareils basse-consommation ou au HQE.
Un autre aspect des relations entre questions écologiques et inégalités sociales transparait dans l’importance que les organisations internationales accordent aux « objectifs du millénaire » des Nations Unies, visant à réduire fortement la pauvreté. Il est rarement rappelé que ces objectifs ne pourront être atteints qu’en y intégrant les questions environnementales. Or l’évolution de l’empreinte écologique montre que ces buts impliquent une remise en cause du « dogme de la croissance économique et matérielle continue ».
Dans les cas des modifications climatiques, l’accroissement de l’empreinte écologique par personne associée à la croissance économique et démographique se traduit par d’autres signaux alarmants, attestés par de nombreux travaux scientifiques :
accélération du réchauffement climatique dans la période récente, en grande partie liée aux émissions d’origine humaine de gaz à effet de serre, principalement le méthane et le CO2.
Au-delà d’un réchauffement de deux degrés par rapport à l’époque pré-industrielle (on est actuellement à un degré, et compte tenu des émissions passées et actuelles, on atteindra 1,5 degrés d’ici peu) des catastrophes humaines mondiales sont prévisibles : sécheresses, inondations et tempêtes, incendies de forêts, élévation du niveau des mers, etc.
Au cours du XXIème siècle, sur la base des tendances actuelles, le réchauffement sera compris entre 2 degrés et 6 degrés, sans même évoquer des scénarios nettement plus pessimistes mais non dénués de fondements.
Or ces catastrophes toucheront d’abord les populations les plus pauvres de la planète qui dépendent le plus des « aléas » climatiques. Elles pourraient réduire à néant les objectifs du millénaire pour 2015, et provoquer des régressions au-delà. On estime que 90 % des personnes concernées par les désastres « naturels » liés au réchauffement habitent dans des pays ou régions pauvres. Selon la Croix-Rouge et le Croissant Rouge, le nombre de personnes gravement affectées par de telles catastrophes est passé de 740 millions dans les années 1970 à plus de 2 milliards dans les années 1990. Les pertes économiques correspondantes seraient passées de 131 milliards à 629 milliards, soit plus que dix ans d’aide publique au développement. Selon le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), le coût du réchauffement climatique double tous les dix ans. La moitié de la population mondiale vit dans des zones côtières qui seraient submergées si le niveau des mers s’élevait d’un mètre, évaluation possible pour le siècle à venir si les tendances actuelles persistent. Ces nouvelles diminutions de la surface disponible se traduiraient dans un accroissement de la contrainte de l’empreinte écologique. Concrètement, il faudrait donc s’attendre dans les décennies à venir à des migrations massives de « réfugiés environnementaux » : vingt millions avant la fin du siècle rien que pour le Bengladesh, 150 millions dans le monde dès 2050 selon des chercheurs d’Oxford.
Nous savons que la planète et la vie s’adapteront d’une façon ou d’une autre. Mais, si l’on réfléchit aux solutions qu’il faudra bien mettre en œuvre pour « sauver la planète » (qui s’en sortira d’une façon ou d’une autre ; cette formule désigne la vie humaine et sociale, ainsi que et sa qualité), le problème de l’accroissement des contraintes de l’empreinte écologique se traduit au premier plan dans l’accroissement des inégalités. Or l’acceptabilité sociale des perspectives de réduction drastique de la pression écologique des hommes ne va pas de soi. Deux conditions semblent nécessaires pour cela. La première concerne l’information sur les dégâts aujourd’hui et le débat sur les risques d’une poursuite dans la voie actuelle et sur les alternatives. Sans cette condition, la prise de conscience sera tardive et l’urgence imposera des décisions orchestrées autoritairement par les politiques et des spécialistes au nom des catastrophes majeures qu’ils n’auront su prévenir. C’est hélas ce qui semble aujourd’hui le plus probable. La seconde concerne la justice. Les efforts de reconversion économique et mentale et de transformation des modes de vie qui nous attendent dans tous les scénarios envisageables seront insupportables s’ils ne s’accompagnent pas d’une forte réduction des inégalités sociales, dans le monde et dans chaque pays.