Les forêts, c’est la vie

(actualisé le ) par christian

« Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent » Chateaubriand ( Repris par les auteurs de « Stop »)

Les forêts représentent un poumon vital pour la terre, nécessaires au maintient des équilibres climatiques, à la diversité des espèces, elles retiennent l’eau, sont essentielles contre l’effet de serre et un trésor de la planète. Un moratoire mondial sur leur exploitation est plus que jamais urgent.

Déforestation sauvage. Un constat.

La déforestation sauvage sévit partout dans le monde où des forêts premières subsistent. Les grandes compagnies forestières avec souvent la complicité des gouvernements, ou plus souvent encore en toute illégalité, exploitent sans scrupules les forêts anciennes, sans aucun respect pour la biodiversité, l’environnement végétal ou animal ou les peuples qui y vivent. Elles pratiquent l’abattage systématique, dans le seul but de s’assurer de profits à court terme, générés par le commerce du bois. La dérégulation des marchés, la pauvreté, la nécessité de payer les intérêts des dettes colossales, l’appât du gain…la demande accrue des pays développés, font oublier les menaces que cette déforestation fait peser sur la planète. La fusion-association des entreprises de plus en plus puissantes finit par ouvrir toutes les frontières. « L’appât du gain incite les compagnies forestières à mener une politique de vandalisme et de terre brûlée partout où elles passent. Elles laissent généralement derrière elles des pays exsangues, des populations déracinées, des drames sociaux et des désastres environnementaux dont elle n’ont cure, trop occupées qu’elles sont à investir d’autres zones encore vierges ; en Côte d’Ivoire, au Cameroun, en Papouasie Nouvelle Guinée, aux Philippines, le scénario est le même… » (Stop P. 356)

Près de 80% des forêts primaires de la planète ont déjà disparu. Il a fallu à ces forêts des dizaines de milliers d’années pour se développer. En Europe : 98%, en Asie :94%… des forêts primaires ont disparu. A Madagascar : 80% du massif forestier rasé…. 75% des forêts non boréales sont en voie de disparition. 150000km² de forêts détruites chaque année, le plus souvent les sols restent nus et deviennent stériles. Et lorsque ces superficies sont replantées, elles le sont trop souvent avec des essences à croissances rapides, dont à rentabilité rapide ( Conifères et eucalyptus au Portugal) qui ne tiennent pas compte des sols, des risques d’incendie, des problèmes d’eau…

L’Indonésie et la Nouvelle Guinée ont perdu 65% de leurs forêts anciennes. Les diverses forêts tropicales des ces pays sont des trésors de l’humanité : elles abritent 500 espèces de mammifères, 1600 espèces d’oiseaux, 30000 espèces de plantes supérieures… La production industrielle de bois a cependant augmenté de 25% dans la dernière décennie. 70% des abattages d’arbres sont illégaux. Les législations forestières ne sont pas respectées, détruisant le milieu naturel et les espèces qui y vivent.

Le gaspillage est énorme :70% du bois exploité dans les scieries termine en déchets.

Les forêts tempérées d’Amérique du Sud sont en danger de disparaître.

L’Amazonie constitue la plus grande forêt existant sur la terre : six fois la France Elle représente un tiers des forêts tropicales de la planète. 30000 espèces de plantes,1000 espèces d’oiseaux, 3000 espèces de poissons, 30 espèces de singes…dauphins d’eau douce, alligators, tortues… cette forêt jouent un rôle essentiel dans la régulation des précipitations régionales, et du climat mondial.

Dans les trente dernières années on a détruit une superficie de la seule forêt brésilienne grande comme la France, et bien plus pour l’Amazonie entière. A l’exploitation du bois s’ajoutent les surfaces détruites pour les pistes, l’agriculture, les mines, … Les grandes compagnies d’exploitation, après épuisement des ressources dans leur propre pays, s’internationalisent . Certaines ont obtenu en Amazonie des concessions de plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Ces exploitations sans aucun contrôle sont en augmentation constante. 80% du bois exploité au Brésil est illégal. Aucun investissement n’est fait pour une exploitation durable, raisonnée et une régénération des essences.

On estime que pour que la forêt amazonienne survive, il faudrait qu’il en reste au moins 60%. Or, le World Ressources Institute prévoit que dans 15 ans, 42% de cette forêt aura définitivement disparu, sous l’effet de la perturbation de son propre système climatique et hydrologique. Nous savons qu’elles subissent aussi les effets du réchauffement de la planète. ( Incendies, diminution des pluies, insectes destructeurs plus nombreux…)

Les raisons des destructions.

Le développement industriel des pays à haut revenus, ou émergents, implique une demande plus forte chaque année,( Chine, Inde, Amérique du Sud …) les firmes multinationales forestières essaient d’obtenir la suppression des taxes douanières sur les importations de bois ! Les déforestations ne peuvent qu’augmenter.

On détruit les forêts pour :

Usage du bois. (72%), dont :

58% : constructions, mobiliers…

24% : Papier , carton…

20% : bois traités…contreplaqué, agglomérés…

Plantations et élevages.(20% en général, 38% au Brésil, pour les seuls pâturages)

Plantations et élevages industriels, dont les produits sont destinés à l’exportation, sont responsables d’une partie des abattages de forêts. ( Huile de palme, caoutchouc, soja, bananes, café sucre, poivre…)

Les petits agriculteurs contribuent au défrichement en défrichant ou brûlant la forêt. ( Souvent ils ont été expulsés de leurs terres, par les gros propriétaires ou la surpopulation, ou l’expansion des villes… et doivent émigrer ailleurs) Les sols s’épuisant très vite, il faut défricher ailleurs. ( En Amazonie, 500000 petits agriculteurs défrichent chacun 1 hectare par an, souvent par le feu ) Mais au Brésil, 3% de la population possède les deux tiers de la terre, comprenant les zones les plus fertiles.

Quand la forêt brûle, elle libère dans l’atmosphère d’énormes quantités de dioxyde de carbone qui aggravent l’effet de serre.( 1998 : 27 millions d’hectares brûlés). 20 millions de personnes vivent dans la forêt amazonienne brésilienne. Son exploitation effrénée a des conséquences catastrophiques. Un tiers de cette forêt a déjà disparu.

L’exploitation des richesses du sous-sol.
Or, diamants, minerais de fer, bauxite, uranium…

Exemple donné par « Stop » : « La mine de fer à ciel ouvert de Sierre Carajas ( Nord est du Brésil), opérationnelle grâce aux fonds de la Banque Mondiale, a causé la destruction de 150000 km² de forêt amazonienne ( Mine et déforestation destinées à collecter le bois pour les hauts fourneaux fabriquant le fonte sur place) et d’une voie ferrée de 780 km…sans compter défrichements annexes ( Habitations pistes d’aérodromes…) » Les chercheurs d’or utilisent sans vergogne du mercure, métal lourd mortel pour les animaux et les hommes, qui atteint les rivières, les nappes souterraines…
Gaz, pétrole …

La forêt primaire est menacée dans 22 pays par la prospection du gaz et du pétrole.(Equateur, Bolivie, Colombie, Vénézuéla, Indonésie, Nigéria.) Défrichements pour implanter les infrastructures, les pipelines, mais aussi empoisonnement de la terre et de l’eau par les fuites. (Dans la seule Amazonie équatorienne, Texaco a déboisé plus d’un million d’hectares.

Exxon Mobile, Shell, Texaco, Chevron, BP, sont partout dans les forêts. Les marées noires existent, tout comme dans la mer, dans ces forêts où l’eau circule lentement sur des centaines de kilomètres carrés, entraînant des déchets de pétrole, empoisonnant la flore et la faune.
Les pistes et les routes.

Elles sont comme des veines ouvertes par lesquelles s’écoule la vie de la forêt. Par elles s’en vont les richesses de la forêt, inexorablement. Une fois ouverte, s’y engouffrent comme une gangrène, tous ceux qui pensent trouver là la fortune ou plus simplement un moyen de subsistance. Ces routes attirent les colons qui brûlent et défrichent sur des centaines de km.
Les constructions de barrages.

Ils recouvrent d’eau des milliers d’hectares de forêts.(Chine, Brésil ; Malaisie, Canada…)

Les marchés et les règles.

Il faut toujours gagner plus : on prélève sans se soucier de l’avenir.

Les marchés principaux sont les USA, l’Europe occidentale, le Japon. ( La France est le premier importateur de bois tropical en Europe) 1/5 ième de la population mondiale consomme plus de la moitié du bois et les 2/3 du papier.

Plus de 600 millions de mètres cubes de bois sont commercialisés chaque années. Moins de 1% du bois commercialisé est « écocertifié », c’est à dire produit par des forêts dont on a la preuve qu’elles sont gérées durablement, avec reboisements et en respectant l’écosystème... D’après la Banque Mondiale, la perte de revenu pour les Etats, due à l’exploitation illégale du bois se monte à environ 5 milliards d’€. Ces pertes hypothèquent la gestion durable des forêts. ( Un plan d’action a été mis sur place par le G8 en 1998 pour lutter contre le commerce illégal, mais sans aucune mesure juridique contraignante). Nous en sommes toujours au niveau de l’Accord International sur les commercialisation des bois tropicaux (AIBT II) signé « pour améliorer la commercialisation et la distribution des exportations de bois tropicaux provenant des sources gérées de façon durable. » On imagine l’efficacité de l’accord. Certains pays reconnaissent bien l’urgence d’utiliser des bois écocertifiés, dans l’approvisionnement de leurs marchés publics, mais, sans législation claire, l’effet est nul.

Conséquences.

Lire pages 340 – 341 les paroles du Chef Raoni ( leader du mouvement pour la défense de la forêt amazonienne), repris par les auteurs de « stop ». Propos recueillis par Jean Pierre Dutilleux.

La première conséquence est la misère et l’humiliation des peuples de la forêt, quand il ne s’agit pas d’atteintes à leur vie.

Les forêts primaires sont un réservoir de plantes et d’animaux qui sont un bien de l’humanité.

Dégradation des climats locaux. Réchauffement de la planète.

La couverture forestière, en particulier dans les grandes forêts tropicales ou équatoriales, est une pompe à pluie et à chaleur. Une fois saccagée, les températures au sol augmentent.(+ 12° en Amazonie). Les pluies diminuent. D’énormes masses d’air s’y forment chaque année, chargées de nuages, qui vont déverser leurs pluies sur tous les pays de l’Amérique et aussi de l’Europe. La destruction ce ces forêts pourrait affecter ces régimes de pluie.

D’autre part, le carbone, emmagasiné par ces forêts ; est libéré dans l’atmosphère lors de leur destruction. (CO²) Plus de la moitié du carbone terrestre ( 880 milliards de tonnes) est stocké dans les forêts.( arbres et sols). De plus, la photosynthèse absorbe chaque année 20% du carbone produit par l’incinération des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz…)

Dégradation des sols.

Le plus souvent, les sols volés aux forêts primaires deviennent stériles. En effet, naturellement pauvres en nutriments et sensibles au fortes pluies, au vent, au soleil, ils sont facilement épuisés ou emportés par les ruissellements, ou, compactés, ils n’absorbent plus les eaux de pluies. Les reboisement sont alors très difficiles. Lorsque ces sols, dénudés, sont utilisés pour l’agriculture industrialisée, ils ne résistent pas plus de quelques années. En Amazonie, une superficie déboisée, grande comme la France, a été abandonnée après quelques années d’exploitation agricole industrielle. En Chine, le phénomène est similaire à cause des violentes pluies de mousson. Des tempêtes de sable se forment durant la saison sèche. Dans les forêts boréales, les déboisements provoquent la fonte du permafrost et les sols se transforment en marécages… Ils est alors impossible de reboiser.

Inondations. Pollution des côtes.

Les forêts retiennent et filtrent l’eau. Lorsqu’elles ont disparu, l’écoulement est plus rapide, l’eau de ruissellement érode plus aisément la terre et n’a plus le temps de s’infiltrer lentement vers les nappes phréatiques. Les flots accélérés provoquent glissements de terrain et inondation dans toutes les parties du monde. En Amérique centrale ( Honduras, Costa Rica) dans les Caraïbes ( Haïti), au Bengladesh, dans le nord-est de l’Inde, au Bhoutan… , des milliers de morts sont dues à ces glissements de vagues de boue et d’eau qui détruisent les bâtiments et les cultures.