Réseau national de défense des droits humains en Haïti. Un constat alarmant pour 2023

L’insécurité n’a pas cessé de croître en Haïti. La population souffre de toutes les conséquences de cette violence qui n’épargne presque aucune région du pays.

Le RNDDH dresse le portrait glaçant des violations des droits humains en Haïti pour l’année 2023 (Réseau national de défense des droits humains)

Les lieux où nous travaillons sont parmi les plus touchés : Cité Soleil et l’Artibonite.
Les photos des enfants fêtant Noël ne peuvent nous faire oublier ce que ces petits vivent quotidiennement et les séquelles qui en résulteront et toucheront leur vie, leur avenir. Toute l’économie du pays est touchée, les plus pauvres sont au premier rang des souffrances.

Sans conteste, l’année 2023 a été très difficile en Haïti, tout au long de l’année.
Article publié par le journal haïtien « Le Nouvelliste »

Par Germina Pierre Louis (Propos de Mme M. Rosy Decena, responsable de programme au RNDDH.)
11 janv. 2024

Sans conteste, l’année 2023 a été très difficile en Haïti, tout au long de l’année. L’insécurité qui fait rage dans le pays a eu un impact sur toutes les sphères d’activités. Les cas de violation des droits humains sont restés flagrants. « L’année a été jalonnée de cas d’assassinat, d’enlèvements suivis de séquestration contre rançon, de massacres, entre autres », a expliqué Marie Rosy Auguste Ducena, responsable de programme au Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).
Plus de 1 047 personnes sont mortes assassinées dans le pays de janvier à décembre 2023, selon les informations fournies par la CE-JLAP, relayées par Marie Rosy Auguste Ducena. Elle ne détient pas des chiffres exacts concernant les cas d’enlèvements enregistrés dans le pays, mais explique avoir constaté une augmentation de ce phénomène. « Les estimations les plus souples font état de 5 à 9 cas d’enlèvements enregistrés par jour dans le pays de janvier à décembre 2023. Beaucoup de cas d’assassinat et d’enlèvements suivis de séquestration contre rançon sont spectaculaires, où les bandits ont agi à visière levée », a-t-elle dénoncé.
Les policiers aussi ont fait les frais de cette insécurité. « 43 policiers ont été assassinés durant cette période et 2 policiers ont disparu. Treize commissariats, sous-commissariats ou patrouilles ont subi des attaques armées de bandits. En janvier, deux cas ont été recensés à Liancourt et à Pernier. En février, le sous-commissariat de l’Estère a été attaqué, en mars ce fut le cas des sous-commissariats de Fort-Jacques ; en avril, 4 sous-commissariats ont subi l’assaut des bandits à Meyotte, Petite-Rivière-de-l’Artibonite, et à Carrefour-Feuilles. Durant le mois d’août, le sous-commissariat de Carrefour-Feuilles a été attaqué à nouveau. Ce même mois, une patrouille de la police a subi une attaque à la Croix-Périsse. Les sous-commissariats de Saut-d’Eau et d’Onaville ont été attaqués en septembre et celui de Thomazeau en octobre », a détaillé madame Ducena.
Au moins 10 massacres ont été enregistrés durant cette même période à Bel-Air, Source-Matelas, Cité-Soleil, Corail, Jérusalem, Onaville, Canaan, Carrefour-Pèy, Petite-Rivière de l’Artibonite, Verrettes, Carrefour-Feuilles, pour la période allant du mois de mars au mois de septembre 2023. Madame Ducena informe avoir dénombré au moins 11 victimes d’attaques sporadiques dans les départements de l’Ouest et d’Artibonite où les bandits ont été les plus actifs durant l’année 2023.
Insécurité : Les femmes et les filles victimes sont sévèrement touchées
« Avec la contribution de 13 organisations, parmi elles, le RNDDH, l’organisation Nègès Mawon a publié un rapport faisant état de 3 351 femmes et filles victimes de violence. Parmi les victimes figurent 2 cas d’assassinats, 1 169 cas de victimes de viols/viols collectifs dont 818 mineurs, 679 victimes de violence physique, 744 victimes de violence psychologique, 757 victimes de violence économique de la part de leurs partenaires. Ces données ne sont pas exhaustives. « Ces chiffres sont alarmants et montrent que les filles et les femmes n’étaient pas à l’abri de l’insécurité », a indiqué Marie Rosy Auguste Ducena qui s’est plainte du fait que la justice ait condamné seulement 43 personnes en lien avec des cas de violence sur les femmes.
Droit et garantie judiciaire
Durant l’année judiciaire 2022-2023, plusieurs audiences correctionnelles ont été réalisées dans 18 juridictions du pays, outre que des assises criminelles, a souligné la représentante du RNDDH qui en note un point positif. « Durant les assises criminelles impliquant 517 accusés, 417 cas ont été jugés. Parmi eux, 297 ont été condamnés », a révélé madame Ducena qui estime, toutefois, que le droit de la population à la justice n’a pas été garanti comparant le degré de criminalité qui ronge le pays.