Deux voyageuses en Haïti. Récit en images.

(actualisé le ) par Gérard

Fin août, Emmanuelle et son amie sont allées en Haïti pour découvrir le pays. Lisez ce récit, cela vous donnera des idées de voyage hors des sentiers battus. Ce qu’il faut retenir c’est que voyager en Haïti est possible, malgré la réputation parfois un peu inquiétante qui lui est faite. Bien sûr il y la pauvreté, la vie est difficile pour une grande part des habitants, mais Haïti fourmille de sites naturels et historiques à découvrir et ce voyage vous donne une idée d’itinéraire possible. Vous y serez toujours bien reçus.

De retour d’un court voyage de découverte d’Haïti, nous partageons volontiers notre expérience sur ce site.
Lorsque la décision est prise au printemps dernier de nous rendre en Haïti pour un séjour fin août, nous savons d’emblée que nous prendrons le temps de préparer, chercher des contacts, nous informer, afin de rendre cette découverte la plus intéressante possible, et au plus proche de réalités du pays. C’est ainsi que nous entrons en lien avec Enfants Soleil, après plusieurs échanges avec Désir d’Haïti, le Collectif Haïti, avec des amis, puis des amis d’amis… et tout a toujours fonctionné comme ça, y compris sur place, par du lien, des recommandations, des connexions.

Notre voyage prend la forme d’un circuit en étoile, dont le centre est le siège d’Enfants Soleil, à Meyotte. Chance et bonheur, nous avons la sensation d’avoir là un « lakay nou » haïtien et d’être un peu en famille, avec l’accueil chaleureux de Jérémie et Rosemate, qui nous guident pour construire quelques repères, pour organiser nos déplacements, nous donner conseils sur nos itinéraires, pour des horaires, des coûts, pratiquer un peu de créole… tout ce qui fait qu’un voyage se déroule de façon fluide et sécurisée.
Rosemate à la cuisine
Jérémie concocte un petit ponch.
Farniente.
Enfants Soleil pour base, nous en partons avec un petit sac vers d’autres lieux, et revenons y prendre des forces, échanger sur nos aventures, autour notamment des repas succulents et toujours bienvenus de Rosemate.
Arrivées le 25 août et après deux premières nuits passées là, nous partons à Jacmel, au sud-est, car nous souhaitons assister à la première édition du Festival de Jazz, accueillies sur place par Bayard, un des organisateurs. Magnifique expérience, où jeunes musiciens de l’école de musique partagent la scène avec des jazzman confirmés, de Jacmel et Port au Prince, pour près de quatre heures de concert. A Jacmel, nous visitons des galeries de peintures, des ateliers d’artisans, et rencontrons Ronald Mevs, artiste plasticien – un échange passionnant dans son atelier, autour de quelques-unes de ses œuvres. Nous découvrons aussi au hasard d’une rue la bouquinerie "Les trois Dumas" et passons là un temps avec son directeur Bernard et sa femme Karline, comédienne et conteuse.
Tous les matériaux pour le construction de ces maisons est venu de France !
Jazz à Jacmel
Petits commerces
Jacmel : la capitale du carnaval et des masques en papier mâché.
Jacmel nous fait toucher du doigt la vivacité artistique du pays, la créativité artisanale aussi, tout comme des lieux à Port au Prince et Pétion ville, comme le village des « boss métal », artisans et artistes du fer, à Croix des Bouquets, ou l’atelier collectif Atis Rezistans à Grand rue, où nous rencontrons furtivement le sculpteur Céleur.
Récupération des barils de pétrole. Tout est sculpté au burin er au marteau.

Nous ne pouvons quitter Jacmel sans un plongeon à Bassin Bleu et à Raymond les Bains, deux pauses rafraichissantes et salutaires pour les marseillaises que nous sommes !
Haïti fourmille de rivières sauvages et de cascades à visiter.

De retour dans notre havre de paix à Meyotte, nous partons pour une nouvelle étape à Fermate et Kenscoff, au nord de Port au Prince dans les montagnes, pour découvrir une facette plus agricole et écologique d’Haïti. Virginie et David, fondateurs du GAFE (Groupe d’action francophone pour l’environnement) nous y attendent, pour une réunion préparatoire du village Alternatiba, qui se déroulera les 21 et 22 octobre prochains, exposant des initiatives environnementales haïtiennes (recyclage, nouvelles énergies, reforestation…), avec plus de trente stands, et des animations pour les enfants. Nous avons la chance de rencontrer le lendemain Jennie Winne à Kenscoff, dont le père a créé une ferme et réserve écologique.



Cacao, huile de Palma Cristi, confiture de mangue, beurre de cacahuète et autres saveurs dans nos sacs, il est temps de revenir à la base, pour la suite du voyage.
Dernière étape au nord, où nous souhaitons nous plonger dans l’histoire du pays, nous partons en avion de Port au Prince pour le Cap Haïtien, puis à Milot au Centre Culturel Lakou Lakay. Nous avons déjà visité avec Rosemate le Musée National à Port au Prince, qui retrace l’histoire politique du pays (l’évolution du drapeau haïtien, dans ses détails, avait notamment retenu notre attention).
A Milot, nous cheminons du Palais Sans Souci à la Citadelle, neuf kilomètres d’ascension et le même chemin retour à pied, ce qui nous offre largement le temps d’échanger avec Wilfrid, guide, sur le passé et le présent du pays…

les escales à l’ombre, au gré des étalages de noix de coco, bananes ti malis ou ananas sont les bienvenues !

Notre passage au nord se conclut à Labadee, sur le littoral, pour une journée en barque sur l’Ile à rats, la plage Paradis, en compagnie de quatre jeunes haïtiens et accompagnés par un jeune batelier du village.




Nous passons une nuit réparatrice à l’hôtel Norm’s place, avant de nous acheminer vers la conclusion du voyage.
Mercredi 8 septembre, Rosemate a préparé pour notre dernière soirée à Enfants Soleil un poisson en sauce délicieux, nous avons le rhum Barbancourt pour conclure le repas.
Le lendemain, nous passons une après-midi inoubliable au marché en fer avec Jérémie, guidés par « Dread », un des commerçants du lieu. Nous rejoignons alors l’Hôtel Oloffson pour la dernière nuit haïtienne de ce séjour, les jeudis soirs y sont toujours musicaux, avec le groupe Ram.
Musique à l’Oloffson.

Réveil laborieux, pour nous envoler vers la France, Marseille, des images mêlées dans nos têtes de ces paysages et ces rencontres, traces de cette expérience intense.

Les rencontres et les échanges tout au long de nos déplacements ont été riches et nous ont aidées à effleurer un pays saisissant. Les plus nourris restent ces moment passés avec Jérémie et Rosemate, qui rebondissaient sur nos expériences en partageant leur propre expérience et leurs connaissances (Enfants Soleil a d’ailleurs une bibliothèque fournie en la matière), et par des discussions sur l’histoire de leur pays, son économie, son actualité politique ou des questions sociales, qui renvoient aux questions internationales. Un accompagnement rare et précieux pour tout voyageur.
Le dessin de notre étoile reste bien sûr inachevé. Comme un prétexte en suspend pour revenir.

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