La Maison d’accueil de Pernier et ses habitant(e)s.
Contrairement à d’autres associations qui ont construit de petits logements, souvent précaires, pour les réfugiés des camps, nous avons décidé de louer cette maison, qui offre plus de sécurité et de meilleures conditions d’hébergement. La location, très peu chère, grâce à notre coordinateur, le Docteur Ostene Joseph, est louée pour 5 ans renouvelables et constitue une étape pour ces familles, qui ont le temps de se reconstruire et d’envisager l’avenir avec sérénité. Elle permet un suivi de ces familles qui bénéficient pour la plupart de micro-crédits sans intérêts, leur permettant de retrouver une certaine autonomie, et d’une formation ( alphabétisation pour certaines femmes, aide à la scolarité pour les enfants, qui ont de gros retards, et suivi sanitaire).
Un grand vide.
La mort subite du petit Jad a endeuillé la Maison Pernier. Elle a laissé un grand vide.
On imagine aisément quel drame a vécu sa maman, Suze, après tous les malheurs de son petit après le séisme – il avait passé les 6 premiers mois de sa vie presque complètement plâtré- et jusqu’à son décès. On imagine tout l’amour qu’elle portait à son unique enfant et tous les soins qu’elle devait lui porter. Elle a passé des moments de désespoir et de prostration, mais elle semble reprendre un peu espoir. Laetitia et Sandrine, de l’association Enfants-Soleil Alpes Provence, qui ont passé deux petites semaines en Haïti, lui ont apporté leur soutien moral. Sa famille a été présente et son papa, qui était maçon, a vécu quelques semaines avec elle à Pernier. Nous lui avions aménagé un espace. Sa présence est d’un grand secours.
Le plus souvent possible, nous l’avons emmenée avec nous, car elle se sentait très seule. Dans ces journées avec nous, pour visiter les chantiers ou les projets d’agriculture, elle a été de mieux en mieux. Elle s’intéresse beaucoup à ce que nous faisons. Peu à peu, elle a repris goût à la vie et nous en sommes très heureux.
Avec les photos, Laetitia va lui confectionner un petit album de souvenirs.
Les enterrements en Haïti sont ruineux. l’Association a pris en charge les frais. Ici on demande 700 € ou plus, au minimum. Les cérémonies d’inhumation sont très importantes dans la culture haïtienne. Il faut des années aux familles pour se remettre des dettes contractées, et comme on ne vit pas très longtemps, ça recommence sans arrêt. Nous lui avons, en dehors de l’enterrement, apporté une aide d’urgence ( 100 € par Enfants-Soleil Alpes Provence, et 100 € par la Fédération Enfants-Soleil). Elle peut ainsi avoir un petit répit de ce côté. D’autre part, la marraine du petit Jad a accepté de continuer son parrainage. C’est un beau geste et nous l’en remercions chaleureusement au nom de Suze.
Dans notre projet, avec l’aide d’une subvention du Secours Populaire Français, nous avions envisagé de financer les études de Suze. Elle voulait reprendre ses études et envisageait de devenir infirmière. Mais elle n’a que le premier bac, et pour s’inscrire dans une école reconnue, il faut le bac complet. Des écoles inscrivent les élèves avec le premier bac, mais ils doivent signer un contrat et réussir le bac complet durant les deux premières années de leurs études. Suze a abandonné ses études depuis trop longtemps, elle risquait d’échouer et de se retrouver sans rien. Elle a choisi secrétariat informatique. Nous avons décidé de financer ses études qui dureront 2 années. Nous espérons qu’elle réussira.
Les autres familles.
Les autres familles vont bien. Les femmes surviennent à leur besoin avec leurs petits commerces de vêtements ou de produits alimentaires de première nécessité. Bien sûr la vie n’est pas facile, les petits marchés, à Pétionville, sont de plus en plus difficiles, car la Mairie confisque les biens des vendeuses qui stationnent sur les trottoirs. Mais le logement gratuit et les parrainages les aident bien. Il y a une bonne entente entre les familles, c’est important, et beaucoup d’entraide.
Aides ponctuelles.
Les enfants ont eu la chance de bénéficier de la distribution de très beaux vêtements neufs, donnés par l’entreprise « Bulle de Bébé ». Laetitia et Sandrine de l’Association Enfants-Soleil Alpes Provence, ont fourni pour la maison une boîte de pharmacie complète, qui a été confiée à Marie Josée Désamours, qui a un diplôme d’infirmière et qui vit dans la maison. L’Association Enfants-Soleil Alpes Provence a pour objectif de fournir des ensembles de pharmacie de secours dans toutes les écoles et maisons Enfants-soleil.
1 Les mères lors de la distribution. 2 Des instants de joie et de convivialité pour le partage des cadeaux. 3 Carline, une petite fille handicapée mentale porte une robe « Bulle de bébé ». Elle a beaucoup changé, communique et semble heureuse. 4 Stéphanie, Carline et Georgeline, des rayons de soleil dans la maison, malgré tout ce qu’elles ont vécu et leurs handicaps sévères. Elles jouent les mannequins avec leurs jolis habits « Bulle de Bébé »
Alphabétisation et aide à la scolarité des enfants.
Marie José Désamours et sa fille Florence (étudiante) étaient chargées de cette tâche : apprendre à lire et à écrire aux mères qui en avaient besoin et aider les enfants qui avaient un gros retard scolaire, à cause de leur scolarisation interrompue dans les camps.
Marie Josée est seule désormais à assumer cette tâche, car sa fille (Parrainée par Annie) va continuer ses études aux Etats Unis. Suze lui donne un coup de main pour aider les petits à apprendre leurs leçons et faire leurs devoirs.D’après les rapports, il y a des progrès.
1 Une nouvelle toilette en construction dans la Maison Pernier. 2 Sandrine, infirmière, de l’Association Enfants-Soleil Alpes Provence avec l’un des petits garçons habillé « Bulle de Bébé ». 3 Laetitia avec Stéphanie : ces enfants ont besoin de beaucoup de tendresse. 4 Jérémie, parrainé depuis longtemps, aujourd’hui étudiant en 3ème année dans une école d’ingénieurs en Génie civil, avec sa petite copine Blandine.
Conclusion.
Nous avons exposé dans plusieurs réunions, avec de grandes associations, notre idée de location d’une grande maison pour en faire un lieu d’accueil. C’est une solution à l’urgence qui nous semble avoir de nombreux avantages. Elle évite de gros investissements, pour des logements souvent mal construits trop petits, ou de très mauvaise qualité, et qui ne durerons pas ou ne résisteront pas aux cyclones ; elle évite les problèmes d’achat ou de location de terrains, elle permet de fournir aux réfugiés des logements décents, pour une période assez longue (5 ans renouvelables pour la maison Pernier, avec un logement pour chaque famille avec des conditions de confort : eau et électricité), la mise en commun de certains services, le suivi des enfants, pour la santé et l’école, l’alphabétisation des mères en cas de nécessité, un suivi, une entraide des familles etc.
Par exemple, l’une des femmes accueillies espère pouvoir dans les 5 ans, construire un petit logement sur un terrain qu’elle a déjà acquis. Cela donne le temps de réfléchir, de penser le type de logement, tout en vivant correctement, dans des conditions qui permettent de travailler, de bien nourrir les enfants voire de mettre quelques sommes de côté pour l’avenir.
Petit à petit, la maison de Pernier va être encore améliorée : une toilette supplémentaire sera terminée, une dalle dans l’un des appartements, dont le sol est encore en terre battue, des sécurisations pour les fenêtres etc. Mais tout cela nécessite un investissement et nos fonds sont bas.
Bientôt il y aura un ordinateur à Pernier… Et Suze pourra initier les habitants à l’informatique.
Malgré des difficultés quotidiennes, l’objectif est cependant atteint et c’est une grande satisfaction pour nous et tous les parrains et donateurs qui nous aident.