Les Dettes. Un handicap terrible pour les plus pauvres

(actualisé le ) par christian

En 2003, l’aide publique au développement fournie par les pays industriels du Nord aux 122 pays les plus pauvres s’est élevée à 54 milliards de dollars. Durant cette même année, ces derniers ont transféré aux « cosmocrates »( mot de J. Ziegler) des banques du Nord 436 milliards de dollars au titre du service de la dette. Celle-ci est l’expression même de la violence structurelle qui habite l’actuel ordre du monde.

Les sociétés transcontinentales privées, qui possèdent les technologies, les capitaux, les laboratoires les plus puissants, capables de dicter leurs lois aux pays les plus faibles, sont la colonne vertébrale de cet ordre injuste et mortifère.

En 1970, les pays les plus riches de la planète avaient pris l’engagement de porter à 0,7% de leur PNB ( produit national brut) l’aide au développement. Ces vaines promesses ont été maintes fois réitérées au cours du dernier demi-siècle. Bien que cette aide ait eu tendance dans les deux années 2002-2003 à augmenter légèrement, elle est loin d’atteindre, près de 40 ans après, le taux considéré comme susceptible de permettre de lutter efficacement contre la misère. ( 1990 : 0,34% ; 2001 : 0,22%, 2004 : 0,25%. ) En 2004 : 79 milliards de dollars, incluant une baisse de 80% de la considérable dette iraquienne !). ( La dette des pays les plus pauvres est de plus de 2500 milliards de dollars….)

Cependant, quelques pays approchent du taux promis ( Luxembourg, Danemark, Norvège, Suède et Pays bas) alors que la participation des USA , de l’Italie et du Japon ne dépasse pas 0,2% et que celle des pays comme la France et l’Allemagne se situe dans la moyenne…la moitié à peine de ce qui était envisagé. D’autant que le mode de calcul de ces aides est une tromperie.

Les pays de l’Union Européenne ont suggéré le taux de 0,56% en 2010 ! Une autre vaine promesse.

Mais dans le calcul cette aide figurent les prêts au Sud, s’ils sont à un taux d’intérêts inférieur à celui du marché et les remises d’anciennes dettes contractées parfois de manière douteuse…ces remises de dettes sont donc comptées deux fois dans les calculs de l’aide au développement.. L’aide publique au développement augmente donc la dette des pays pauvres. C’est ainsi qu’entre 1996 et 2003, les pays du sud ont remboursé en intérêts beaucoup plus que ce qu’ils ont reçu en nouveaux prêts et aide à leur développement.

D’autre part, l’aide (G8, Juin 2005) aux 18 pays les plus endettés et les plus pauvres n’est accordée que si ces pays ont obtempéré durant plus de 4 ans aux règles économiques imposées par le FMI, la Banque mondiale et la Banque Africaine de développement (Plans d’ajustement structurels)

Les sacrifices imposés :

¤ Ouverture des marchés au profit des sociétés multinationales,

¤ Privatisations des secteurs les plus rentables et générateurs de devises, industrialisation de

l’agriculture

¤ Libéralisation de l’économie,

¤ Augmentation de la fiscalité indirecte, avec un impact sur les investissements – pourtant vitaux - d’éducation et de santé.

C’est à dire tout simplement asservissement aux marchés mondiaux. Damien Millet et Eric Toussaint, dans un article du Monde Diplomatique, évaluent cette aide à « 1,2 milliards de dollars, c’est à dire 600 fois moins que les dépenses militaires ! »

Les annonces toujours fortement médiatisées des allègements de dette des pays riches cachent le plus souvent des diminutions. Dans le montant de cette aide sont aussi incluses toutes les dépenses concernant les dons à des ressortissants de pays bénéficiaires, qui reçoivent un enseignement ou une formation dans leurs pays, ou à l’étranger, et les paiements destinés à défrayer les consultants, conseillers et personnels analogues, de même que les enseignants et administrateurs en mission dans les pays concernés ( par exemples les enseignants dans les lycées français de ces pays voient leurs salaires pris en compte…les étudiants étrangers qui resteront sur notre territoire…) On compte aussi les dépenses liées à l’accueil ou au rapatriement des réfugiés !

En fait, si l’on déduit aussi l’aide d’urgence, les frais administratifs, la coopération technique, les remises de dettes, qui sont aussi comptabilisés, on s’aperçoit que l’aide véritable au développement n’atteint réellement que 25% de ce qui est annoncé.

Enfin, des facteurs de stratégie politique font que l’APD (Aide Publique au Développement) n’est pas destinée aux pays qui en ont le plus besoin, mais en priorité à des pays ( Afghanistan, Jordanie, Colombie, Pakistan, Irak ,Indonésie… ) où le Nord a besoin d’accroître son influence stratégique, politique, économique.

Les outils de la « mise au PAS » (Programme d’ajustement structurel) et ce qu’elle implique.

Dévaluation.

Austérité budgétaire.

Libéralisation des prix. Interdiction des subventions à certaines productions.( Alors que les pays riches subventionnent leur agriculture à hauteur de 350 milliards de dollars chaque année !)

Limitation des émissions de monnaie.( limiter l’inflation…) Hausse des taux d’intérêt.

Libre circulation des capitaux et des marchandises.

Privatisation du système bancaire. Privatisation des entreprises publiques et de la terre.

Production pour l’exportation.

Déréglementation du marché du travail.

Conséquences :

Explosion des inégalités.

Baisse des budgets publics.

Régression des couvertures sociales.(quand il y en a)

Chômage.

Hausse des prix. ( France Télécom a acquis le monopole des télécommunications de Côte d’Ivoire et augmenté les prix, privant une partie de la population de l’espoir d’y accéder)

Engrenage de la dette.

Instabilité sociale. Crises. Violence. Destruction du tissu social.

Récession. Baisse des investissements. Paupérisation.

Reculs de l’espérance de vie et de l’alphabétisation.

Dépendance totale envers les pays riches : les banques, les bailleurs de fonds…les multinationales.

Il s’agit de mettre les institutions de ces pays au service du marché. « Le marché et l’Etat sont complémentaires, lit-on dans un rapport de la Banque Mondiale, puisqu’il incombe au second de mettre en place les bases institutionnelles nécessaires au fonctionnement du premier »