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Intervention multinationale ? où en est-on ?
Déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité : « l’effectif sera insuffisant », selon Ricardo Germain
Ricardo Germain, expert en sécurité, est perplexe par rapport à la capacité de la Mission multinationale d’appui à la sécurité à résoudre la crise sécuritaire d’Haïti. En ce qui concerne la composante de la mission en termes d’effectif, les chiffres partagés n’arrivent pas à convaincre le spécialiste en relations internationales. Il était l’invité de la matinale de Magik 9 le mercredi 10 janvier 2024.
Par Jean Junior Celestin Article du journal « Le nouvelliste »
10 janv. 2024
« Quand on parle de cinq mille policiers pour relever le défi sécuritaire d’Haïti actuellement, je dois avouer que je suis perplexe. Même si on additionne l’effectif prévu pour la mission avec ceux de la Police nationale d’Haïti et des Forces Armées d’Haïti, il ne sera pas suffisant pour résoudre la crise sécuritaire, d’autant que les groupes criminels sont dans une posture de défense », a analysé Ricardo Germain, précisant que techniquement, il est généralement admis que pour attaquer des groupes de défense, l’effectif des assaillants doit faire entre trois et cinq fois celui des défenseurs, notamment dans le contexte de combat en milieu urbain.
« À titre de comparaison, la MINUSTAH avait plus de dix mille militaires. Il n’y avait pas eu à l’époque autant de groupes armés. Le problème n’était pas aussi complexe que celui d’aujourd’hui. La mission a quand même eu du fil à retordre pour rétablir le climat sécuritaire. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de groupes criminels avec un arsenal beaucoup plus important », a-t-il fait remarquer, rappelant qu’on ne connaît pas encore le concept d’opération ou d’emploi de la force qui va être adopté dans le cadre du déploiement de la mission.
Ricardo Germain a rappelé qu’en matière de conflit, assez souvent, ce n’est pas l’arsenal qui fait la différence mais de préférence l’approche adoptée. « Dans le cas d’Haïti, j’ai toujours recommandé que l’approche à adopter soit contre-insurrectionnelle, c’est-à-dire, ce n’est pas seulement l’usage de la force, mais également de gagner le cœur et l’esprit de la population. D’ailleurs, certains types ne peuvent pas être utilisés dans le cas d’Haïti pour la simple et bonne raison que ce n’est pas une guerre conventionnelle », a-t-il souligné à l’émission Panel Magik.
Ces contraintes, selon Ricardo Germain, mettent en lumière la nécessité pour la mission d’avoir un maximum de renseignements pour mener à bien les interventions sur le terrain. « Toutes les grandes opérations ont pour base un bon renseignement. C’est à partir du renseignement qu’il faut définir les objectifs stratégiques des interventions », a-t-il soutenu.
Cependant, M. Germain reste convaincu de la consistance et de la pertinence de la résolution 2699 du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant le déploiement d’une mission non onusienne en Haïti. « En ce qui concerne Haïti, c’est l’une des meilleures résolutions tant il y a de précautions et de responsabilités qui y sont fixées. Contrairement aux missions passées, celle-ci, de manière plus détaillée et plus explicite, fixe beaucoup de limites et de responsabilités. La résolution 2699 est très solide et plus consistante », a déclaré Ricardo Germain, spécialiste en relations internationales, sur les ondes de Magik 9, le jeudi 5 octobre 2023, précisant que la résolution de la MINUSTAH ne faisait que deux pages contre six pour la MMAS.