Malgré les tensions, massacres, enlèvements, les travaux sont en cours dans l’école de Verrettes pour sécuriser les bâtiments durant les vacances.
pour le reste, aucun changement, si ce n’est que les gangs deviennent de plus en plus forts et dangereux pour la population.
Tabarre : les espaces conquis par les bandits sont à quelques kilomètres de l’aéroport international Toussaint Louverture
Les populations de Torcel, Vivy Mitchell, Carradeux et des quartiers situés dans le périmètre de l’ambassade des États-Unis d’Amérique à Tabarre vivent au rythme des rafales d’armes automatiques depuis plusieurs semaines.
Les populations de Torcel, Vivy Mitchell, Carradeux et des quartiers situés dans le périmètre de l’ambassade des États-Unis d’Amérique à Tabarre vivent au rythme des rafales d’armes automatiques depuis plusieurs semaines. Les bandits du gang Kraze baryè de Vitelhomme Innocent gagnent du terrain, lorgnent Maïs-Gaté, Gérald Bataille, Carrefour Fleuriot. La peur au ventre, des résidents apeurés savent qu’ils peuvent être contraints de fuir leurs logis à tout moment, comme les centaines de déplacés de Dumornay chassés à coups de gaz lacrymogène par la police anti-émeutes devant l’ambassade des USA où ils pensaient avoir trouvé refuge.
Les capitaines de grandes entreprises installées à Tabarre doivent s’arracher les cheveux, redoutant que les bandits ne vandalisent leurs installations. Les propriétaires de petites entreprises, de boutiques de ruelles sont aussi angoissés. Le calice d’absinthe est tendu à tous. Il n’y a pas que des logis, l’ambassade américaine et des entreprises dans ces espaces assiégés. Il y a des infrastructures sanitaires, une université. Pour ceux qui peinent à comprendre d’autres enjeux de la progression du gang de Vitelhomme, il faut souligner que les espaces conquis sont désormais à moins de 5 km de l’aéroport international Toussaint Louverture, de la route de l’aéroport où il y a une forte concentration d’entreprises de tout type, un parc industriel, une brasserie, des dépôts de provisions alimentaires, des concessionnaires de véhicules entre autres. Par rapport à ces évolutions, certains y vont de leurs inventaires ponctués d’interrogations. La résidence privée du PM Ariel Henry se trouve à Vivy Mitchell, ainsi que le bureau de la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (BLTS).
La direction générale de la PNH, les bureaux de l’inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IGPNH), de la (BRI) de la police judiciaire … sont à Clercine, à moins de cinq kilomètres des territoires conquis. Les interrogations sont incontournables. Est-ce que la PNH n’a pas les moyens de contenir et de repousser ces bandits ? Pourquoi aucun chef du Conseil supérieur de la police nationale d’Haïti (CSPN) n’est visible sur le front opérationnel et de la communication ? Pour le moment, le chef de la PNH Frantz Elbé est invisible, comme la ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Emmelie Prophète Milcé, autorité de tutelle de la PNH. Quel est le seuil du pire admis pour que tous les responsables de la sécurité publique, de la défense du territoire se mobilisent, aient un quartier général de crise ? Est-ce qu’on laissera d’autres vies se faire broyer, se faire fracasser par ces bandes criminels sans une réaction proportionnelle ? Est-ce qu’il y a des dessous, des non-dits relatifs aux récents événements ? Est-ce qu’on laissera le pire s’installer, que des cadavres jonchent les rues, que des colonnes de fumée montent au ciel pour voir les actions nécessaires ? Est-ce que l’on a vraiment « besoin » de vivre l’apocalypse pour justifier l’assistance internationale en matière de sécurité ? Entre les recommandations attendues le 14 août du secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité sur la nature de la force internationale à envoyer en Haïti et un possible déploiement, est-ce que les vies et les biens seront livrés encore plus aux loups, aux monstres tapis dans l’ombre qui rêvent de chaos, qui posent des actions pour y parvenir ?
Par rapport aux enjeux, au danger, aux menaces, au cynisme ordinaire, les défaillances du CSPN interrogent l’efficacité de la coopération de plusieurs partenaires, dont les USA et le Canada en matière de sécurité. Le combat contre la contrebande et le régime de sanctions testent des forces qui disposent d’une vraie capacité de nuisance en Haïti. Avec cet appareil sécuritaire qui a laissé un président se faire assassiner chez lui, sans aucune résistance, d’autres mésaventures ne peuvent pas être écartées d’un revers de main.
Insécurité : cri d’alarme des résidents de Carrefour-Feuilles
Depuis huit mois, la banlieue de Carrefour-Feuilles, convoitée par des gangs, est en état d’alerte. Les attaques contre la population civile se multiplient. À bout de souffle, les résidents appellent les autorités de l’État à leur venir en aide.
Tout a commencé à l’aube du jeudi 10 novembre 2022. Alors que le quartier n’était pas en guerre, des bandits lourdement armés ont fait irruption dans la zone. Ils ont attaqué le sous-commissariat de Savane-Pistache, des balles fusaient de toutes parts, les résidents ont dû fuir leurs domiciles pour échapper à la violence des gangs.
Le week-end dernier, le quartier a subi une nouvelle attaque des bandits. Le policier Eddy Doresca a été tué alors qu’il aidait la population à les repousser. En signe de protestation, des centaines de riverains, venus de Carrefour-Feuilles et de Savane-Pistache, ont gagné les rues pour protester contre l’inaction des autorités alors que des bandits armés ne cessent de les attaquer et de les chasser de leurs habitations.
« Jusqu’à présent on ne sait pas pourquoi les malfrats nous attaquent de façon systématique. Carrefour-Feuilles n’est en conflit avec aucun quartier, encore moins avec des gangs », s’est plaint un résident qui s’est confié à radio Magik 9, sous le couvert de l’anonymat, le mardi 8 août 2023.
Selon ce résident, le quartier n’est pas en condition de riposter. « ll n’y a pas suffisamment de policiers, de matériel et d’équipements pour contrecarrer l’assaut des bandits. Face à la terreur de ces gangs, la balance ne penche pas en faveur des habitants », a-t-il déclaré.
« Ils sont plus de deux cents hommes lourdement armés qui veulent s’accaparer du quartier. Pour le moment, ils ont déjà pris le contrôle de Decayette. Quelques mètres les séparent de nous », a révélé le résident.
La banlieue de Carrefour-Feuilles se trouve à proximité de Gran Ravin et Ti Bwa, sous contrôle de gangs armés, qui y sèment la terreur depuis plusieurs années. Les bandits tentent de s’en emparer pour étendre leurs tentacules et avoir un contrôle quasi total de Port-au-Prince.
« De par sa position géographique, Carrefour-Feuilles est une zone stratégique pour les bandits. S’ils arrivent à le contrôler, ils auront accès aux quartiers de Pacot, Turgeau, Bois-Verna, avenue Christophe, rue Capois, entre autres », a avancé le résident.
« Les bandits sont nombreux et bien équipés. Il est important d’augmenter l’effectif du sous-commissariat de Savane-Pistache. Cet espace nécessite d’avoir deux blindés fixes parce que Carrefour-Feuilles est convoité par les gangs. Si les bandits arrivent à prendre le contrôle de ce quartier on peut dire adieu à la capitale », s’est alarmé l’ex-policier Abelson Gros Nègre sur les ondes de Magik9 le lundi 14 novembre 2022.
Après les attaques de novembre dernier, cinq bandits ont été tués, deux policiers blessés lors d’une intervention à Savane-Pistache pour reprendre le contrôle du commissariat. Depuis, il n’y a pas eu d’opération policière d’envergure pour mettre les bandits hors d’état de nuire.
Journée de tension à Port-au-Prince
Une vive tension a régné au centre de Port-au-Prince ce lundi 7 août.
Des centaines de riverains, venant de Carrefour-Feuilles et de Savane Pistache ont gagné les rues pour protester contre l’inaction des autorités alors que des bandits armés ne cessent de les attaquer et de les chasser de leurs habitations depuis plusieurs mois. Le policier Eddy Doresca a été tué dans la zone le week-end écoulé alors qu’il aidait la population à repousser les malfrats. Les manifestants ont arpenté plusieurs quartiers proches de Carrefour Feuilles, longé l’avenue Christophe avant d’emprunter la route de Bourdon en direction de la résidence officielle du premier ministre Ariel Henry à Musseau.
Des policiers ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la manifestation et pour empêcher aux participants d’atteindre la résidence officielle. Révulsés, les protestataires ont répliqué à coup de pierre. Un véhicule immatriculé service de l’Etat a été incendié au niveau de Bourdon. Des barricades de pneus enflammés ont été remarqués à Bourdon, Lalue, Turgeau, Avenue Christophe, etc.
Protestation pour ONA-Polis
Par ailleurs, tôt dans la matinée, des policiers ont protesté devant les locaux de l’Office national assurance vieillesse (ONA) à Delmas 17. Des barricades de pneus enflammés ont été érigés dans les parages et à l’entrée de l’institution. Les employés de l’ONA ont eu des difficultés pour se rendre au travail. Les protestataires dénoncent un retard de plus de huit mois dans le décaissement des fonds octroyés dans le cadre du programme ONA-Polis. Selon ce que certains d’entre eux ont expliqué, leurs demandes de prêts ont été approuvées il y a plusieurs mois. Cependant, aucun décaissement n’a été effectué. Ce, alors qu’ils sont en train de rembourser les prêts par des prélèvements effectués sur leurs salaires.
La direction de communication et des relations publiques de l’ONA a publié une note d’information dans laquelle elle dénonce les agissements « d’un groupe d’individus encagoulés, portant l’uniforme de la Police nationale d’Haïti, sous couvert de revendications, qui a créé un climat de violence et de panique dans le périmètre immédiat de l’Institution pour empêcher aux employés d’y avoir accès ». Dans la même note, la direction de communication a également assuré « que la direction générale de l’ONA continue d’accorder sa meilleure attention aux requêtes de prêts sur salaire produites par la Direction Générale de la Police nationale d’Haïti (PNH) au profit des policiers dans le cadre de la mise en œuvre dudit programme ». « La dernière réunion tenue à cette fin avec le Responsable du programme pour la PNH s’est déroulée ce vendredi 4 août écoulé », fait remarquer la note.