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Hélas, les nouvelles ne sont pas bonnes et les territoires des gangs s’agrandissent dans la terreur.
Un article de Presse (Le nouvelliste)
L’étau de la terreur se resserre autour de la Côte des Arcadins…
Wahoo Bay Beach, l’une des plus belles adresses de la Côte des Arcadins, a été vandalisée. L’on craint l’effet domino pour d’autres hôtels, d’autres résidences alors que la PNH peine à prendre le contrôle totale du segment de la route nationale # 1, entre Canaan et Montrouis.
Pour les habitants, les résidents et hôtels de la Cote des Arcadins, la descente aux enfers se poursuit. Mercredi, autour de 10 heures 30 PM, après le repli d’une patrouille policière sous le feu de bandits armés, l’hôtel Wahoo Beach and Ressort a été vandalisé.« Plus d’une cinquantaine d’hommes sont entrés dans l’hôtel. Ils ont cassé, volé des lits, des téléviseurs. Ils ont vandalisé les 26 chambres. Heureusement, notre personnel a pu s’enfuir vers la plage publique. Le pillage a cessé vers 2 h am, avec l’arrivée de deux véhicules blindés de la PNH », a confié à Le Nouvelliste le propriétaire de l’hôtel, Wilhelm Lemke, jeudi 16 mars 2023. « L’hôtel est obligé de fermer. Nous construisons un mur à l’entrée car la barrière principale a été emportée. Le juge de paix a verbalisé. Nous sommes en train de nettoyer », a-t-il poursuivi, déplorant le climat de terreur dans lequel vit les habitants de la cote des Arcadins et cette ultime attaque, une de plus dans la zone où, au fil des ans, au moins 8 personnes ont été tuées au village de Carries dans le cadre de « conflit terrien » avec des habitants de Dimaran. Il y a un an, plus d’une dizaine de maisons, de plages privées ont été attaquées, pillées et incendiées par des bandits armés, laissant la côte dans une situation économique désastreuse.
Pour Wilhelm Lemke, l’attaque contre Wahoo Bay, adresse fétiche des clients, des spectacles tout public comme Sumfest, « est un coup terrible pour l’écosystème touristique, pour la diaspora ». C’est Wahoo Bay. Mais cela aurait pu être Kaliko, Wanga Bay, Moulin sur Mer, Xaragua, Royal Decameron, a dit Lemke qui dit l’effet domino. « La police a accepté de laisser un blindé là-haut pour une semaine », a confié Wilhelm Lemke, soulignant que ce qui se passe à Lafiteau, Simonet, Source Matelas, Carries et Montrouis s’inscrit dans la continuation de ce qui se passe au Bel-Air, à Solino. De Simonet à Source Matelas, des résidences privées sont dévalisées. Les Moulins d’Haïti, une entreprise dans laquelle l’Etat Haïtien est actionnaire est fermé depuis plusieurs mois, a indiqué Wilhelm Lemke, appelant l’Etat haïtien à assumer ses responsabilités pour protéger les vies et biens face à l’évidence de cette fin de non-recevoir à la demande d’assistance sécuritaire internationale du gouvernement Henry. « C’est maintenant clair. Nous amis nous disent qu’ils ne viendront pas mourir pour nous, no boots on the ground. Nous sommes livres à nous. L’Etat doit prendre ses responsabilités, chercher une ou deux firmes spécialisées dans ce domaine pour protéger la population, pas seulement les entreprises. Il y a une obligation de l’Etat de venir en aide à la population en danger », a dit Wilhelm Lemke.
« Nous regrettons ce qui s’est passé à Wahoo Bay. Cette entreprise était pourvoyeuse d’emplois dans la zone », a confié à Le Nouvelliste l’agent exécutif intérimaire de Montrouis, Blaise Elysée. « C’est toute la cote des Arcadins qui est visée. Les bandits avaient annoncé l’attaque avant hier. Il faut agir au plus vite. Si des dispositions rapides ne sont pas prises, les bandits gagneront encore plus confiance », a-t-il dit, soulignant la grande précarité de la police de Montrouis. Dans le sillage des évènements de Petite Rivière de l’Artibonite où 6 policiers ont été tués et leurs cadavres abandonnés, l’UDMO de l’Artibonite avait arrêté de travailler tant qu’ils ne reçoivent pas des équipements. On peut dire qu’ils ont repris le travail à 30 % de leur capacité. Ce n’est pas suffisant, a dit Blaise Elysée qui n’en finit pas de lancer des appels de détresse. « Nous sommes dans une situation extrêmement difficile », a-t-il alerté.
Les bandits, a appris le journal d’un résident de la cote des Arcadins, ont envoyé des messages. « Malè avèti pa tiye kokobe », peut-on lire en couverture d’une enveloppe contenant un tract, une cartouche 5,56 millimètres. L’auteur du message annonçant des incendies et razzia a laissé son numéro de téléphone. « C’est terrible ce qui se passe sur la cote des Arcadins. L’économie de la zone s’est effondrée. Les personnels de beaucoup de maisons ont dû être congédiés. Les pêcheurs, les autres entrepreneurs sont en grande difficultés », a expliqué cette source. Il devient maintenant très fréquent de tomber sur des hommes armés fouillant des véhicules sur la route national #1. « J’ai une cliente qui me fournit en fruits de mer. Récemment, elle est venue de Montrouis à Port-au-Prince par voie maritime. Au retour, elle a pris la route. Elle a vu des hommes armés fouillés un véhicule intercepté. Les bandits ont demandé aux occupants de présenter leurs pièces d’identités, menaçant de tuer toute personne qui résideraient à Source Matelas », a confié cette source, soulignant que cette jeune femme a été témoin de décapitations. Récemment, des bandits armés opérant dans le secteur avaient attaqué la prison civile des femmes, non loin de Cabaret. De Canaan à la Cote des Arcadins, les bandes de criminels resserrent l’étau de la terreur. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, elle grouillait de vie, était le creuset de petits bonheurs simples autour d’un plat de « lambi boukanen », d’un bon clairin, indispensables lors de baignades…
Des individus armés ont envahi l’un des plus anciens hôtels de plage du pays, Wahoo Bay, situé sur la côte des Arcadins, dans la soirée du mercredi 15 mars 2023. Les malfrats ont intimidé les employés, saccagé les installations et emporté du matériel. Ces informations ont été partagées avec le journal par une source proche de l’établissement et par la présidente de l’Association touristique d’Haïti (ATH), Raina Forbin.
Après des échanges de tirs entre une patrouille policière et des individus lourdement armés, ces derniers sont entrés pour vandaliser l’espace, a appris le journal. Les pilleurs sont partis vers 2h du matin, à l’arrivée de deux blindés de la PNH.
« Ils étaient très armés. Ils ont fait irruption à l’intérieur de l’hôtel. Les employés ont dû se mettre à couvert. L’espace a été vandalisé. Des portes ont été défoncées. Des baies vitrées cassées. Des équipements de cuisine, des lits, entre autres, ont été emportés », a rapporté Raina Forbin de l’ATH, qui a mis l’accent sur la gravité des faits.
« Hier, le secteur touristique a été frappé en plein cœur. L’insécurité a déjà anéanti les activités. Mais, entrer dans un hôtel c’est quelque chose d’inédit. Du jamais vu ! », lâche dans un soupir la présidente d’un secteur de plus en plus affecté par l’insécurité.
Selon madame Forbin, ce qui s’est passé ce mercredi était redouté et les autorités étaient averties, car, avance-t-elle, depuis plusieurs mois, des individus malintentionnés profèrent des menaces contre des propriétaires d’établissements hôteliers et des particuliers de la principale zone touristique du pays hors Port-au-Prince et le Cap-Haïtien.
« Les auteurs des menaces prétendent détenir les titres de propriété des terrains sur lesquels sont érigés les établissements et habitations. Nous avons averti les ministères du Tourisme et de la Justice. Certaines des propriétés ont été achetées par des familles depuis plus de 50 ans. C’est le cas de Wahoo Bay. Que ces spoliateurs disent qu’ils sont les vrais propriétaires ne fait aucun sens », tempête Forbin.
La présidente de l’ATH estime qu’il sera difficile d’attirer des investisseurs dans cette zone, lors d’une éventuelle reprise de l’économie, si ce problème n’est pas résolu. « Les hôtels sont présents dans la zone depuis plusieurs dizaines d’années. Ils ont créé un écosystème qui, aujourd’hui, est menacé. C’est déplorable. La population se retrouve perdante parce que les bandits sont en train d’assiéger la zone. L’année dernière, ils ont vandalisé et provoqué la fermeture d’une école hôtelière fondée par Viva Rio et financé par des hôteliers. Si cet écosystème est détruit, si la propriété privée n’est pas respectée, il sera difficile de convaincre des investisseurs de venir », a-t-elle soutenu.