Le recul des Espagnols
Les Espagnols se sont lancés dans la conquête effrénée des empires Aztèques et Incas. Tandis que Santo Domingo devient la capitale de l’île, l’industrie sucrière espagnole est en déclin dans tout le territoire d’Haïti.
Dans la partie nord occidentale de l’île s’installent bientôt Boucaniers et Flibustiers : Français, Anglais, Hollandais plus ou moins aventuriers, leurs pays respectifs qui, en effet, ne voient pas d’un bon œil le partage du nouveau monde entre espagnols et portugais les soutiennent. Les Flibustiers. Ce mot vient du Néerlandais et signifiait " pirates ". C’est dans les Antilles que sévissent ces pilleurs de navires ; ces îles étant des étapes pour les navires ibériques, entre les mines d’or du Mexique et du Pérou et l’Espagne. La contrebande, le trafic d’esclaves étaient d’autres activités des flibustiers, avec la complicité parfois des Indiens Caraïbes, dont les conquérants avaient négligé le domaine (Petites Antilles). C’est la " Petite flibuste ". Peu à peu, ils s’approprient des îles stratégiquement placées (Curaçao pour les Hollandais, île de la Tortue pour les Français, au N.E d’Haïti, St Eustache, St . Christophe…Déjà se dessine le paysage des futures possessions dans les Antilles : les différents repaires de contrebandiers et de corsaires deviendront des colonies…Mais il faudra du temps pour que s’initie la véritable colonisation. Nous ne sommes qu’au début du siècle ; vers les années 1630. Les Boucaniers. Les boucaniers vivent à terre, de la chasse des milliers d’animaux redevenus sauvages que les premiers conquérants avaient lâchés dans la nature. Le mot " boucanier " emprunté à une langue caraïbe vient de leur activité qui était de " boucaner " c’est à dire " fumer " le produit de leur chasse. Les boucaniers chassaient pour vendre la viande, le cuir, le suif et autres sous-produits aux Flibustiers en échange de quoi ils faisaient l’acquisition d’armes et de munitions. Les " engagés " Certains de ces boucaniers étaient des " engagés ", c’est à dire des volontaires qui, pour fuir la misère en Europe, étaient engagés par les colons ou les maîtres boucaniers pour travailler dans les îles, mais qui se trouvaient presque réduits au rang d’esclaves. Ce sont eux qui portaient à dos d’hommes, jusqu’aux ports, les produits de la chasse. Une fois leur contrat de trois ans terminé, ils devenaient souvent eux-mêmes boucaniers. Plus tard, ces boucaniers se sédentariseront et constitueront les premiers colons d’une nouvelle génération.
Les premières cultures coloniales : Tabac et Indigo
La boucane était si intensive que vers le dernier quart du XVIIième siècle cette activité déclina tout naturellement. (D’autant que les Espagnols, dans un sursaut, tentèrent de déloger les concurrents en massacrant le bétail !) Les premières cultures coloniale furent, à Haïti, le tabac et l’indigo. Dès le début du XVIIième siècle, le tabac eut un grand succès en Europe. A cette époque, on appelait le tabac " petun ". Ce petun avait tant de valeur qu’on payait parfois les engagés avec, et qu’il servait de monnaie d’échange pour les esclaves africains.
Sa culture est simple, elle exige peu d’outils : elle convient donc à des gens plutôt pauvres qui désirent s’installer. On déboise, (abattis) on plante. Après le repiquage et durant la pousse, le travail est restreint : on peut donc se livrer à la boucane pendant ce temps. Les feuilles cueillies, il faut les sécher, les rouler… La destruction des sols Les sols tropicaux, dénudés par les coupes claires, s’épuisent très rapidement et la terre est arrachée par les fortes pluie, il faut donc sans cesse agrandir l’espace de culture.
Il existe d’autre part des cultures vivrières, parmi elles, les produits qui envahiront l’Europe : manioc, maïs, patates douces, tomates, pommes de terre, bananes. Mais les monopoles royaux sur le tabac n’encourageront pas son expansion. Nombreux sont les aventuriers qui préférèrent s’adonner à la Flibuste, plus risquée, mais plus lucrative. Ce fut le début des plus " belles " années de cette activité à laquelle l’histoire donna le nom de " Grande Flibuste ".
L’indigotier est un arbrisseau des régions chaudes aux fleurs roses ou pourpres. C’est de ses feuilles, après un long processus de macération que le colorant bleu très prisé en Europe est tiré.
Les indigotiers , importés d’Inde, font leur apparition vers 1680. Ils donnent une teinture bleue très recherchée. Les sucreries, déjà nombreuses à la Martinique (184) et en Guadeloupe(86) ne seront implantées par les occupants français que quelques années plus tard.
La culture de l’indigo, la préparation des sols, son traitement quasi industriel, exigent des soins nombreux et une main d’œuvre importante. Il faut capter des quantités d’eau, vers quatre bassins. Un réservoir, un bassin de macération (environ une journée), un bassin de " battage ", un bassin de cristallisation du produit. Mis à égoutter, puis séché, l’indigo était exporté en gros sacs. La population avait augmenté lors de l’implantation des cultures de tabac, cette évolution va continuer, et, dramatiquement, ce sont les populations d’esclaves d’Afrique qui vont le plus croître. En 1739 il y aura 3400 indigoeries dans l’île de Saint Domingue et 160000 esclaves.