Cycles scolaires et enseignement en Haïti

(actualisé le )

Le manque de ressources, tant au niveau des ménages qu’au niveau de l’Etat, mêlé à une instabilité sociopolitique est l’un des principaux facteurs qui affectent le système éducatif haïtien. La pauvreté et la marginalisation font qu’un grand nombre d’enfants et d’adolescents haïtiens ne peuvent jouir de leur droit à l’éducation. Les enfants qui vivent en milieu rural sont les plus touchés.

Page rédigée par M. Agnès Lahellec Fédération Enfants-Soleil

L’enseignement primaire comporte deux cycles.
Premier cycle, année fondamentale (AF), trois ans.
Haïti 1° AF 2° AF 3° AF
France CP1 CP 2 CE1
Deuxième cycle, année fondamentale (AF), trois ans.
Haïti 4° AF 5° AF 6° AF
France CE2 CM1 CM2
Il y a un examen en fin de deuxième cycle : c’est le certificat.
Pour les épreuves, l’élève a le choix entre un texte en français ou un texte en créole.
Le troisième cycle, année fondamentale (AF), trois ans, correspond à nos trois premières années de collège.
Haïti 7° AF 8° AF 9° AF
France 6° 5° 4°
A partir de ce cycle l’emploi du français est indispensable. En effet, en 9° AF, il y a un examen d’état « Fin de fondamentale ». Il y figure une épreuve de compréhension du créole haïtien, tous les autres textes sont en français.
Le créole se rencontre dans des études de textes haïtiens : littérature et poésie.
L’enseignement secondaire comporte quatre ans d’études. L’examen final est le bac .
Haïti 3° secondaire 2° secondaire 1° secondaire (ou rhétorique) Philo
France 3° seconde Première Terminale
Il y a quatre sections pour la classe de philo.
Philo A : philosophie ; Philo B : lettres
Philo C : maths , physique ; Philo D : physique , biologie
A l’autre bout, le « Kindergarten », jardin d’enfant, comporte trois classes. C’est notre « maternelle ».
Les enfants commencent à apprendre les lettres de l’alphabet. On s’adresse aux enfants en créole et en français, en principe. La date est écrite au tableau en français ainsi que la phrase du jour « Dieu aime les enfants sages - Dieu aime tous les enfants - Qui veut juin prépare septembre"

Les établissements scolaires sont soit du domaine enseignement public, soit du domaine enseignement privé, ces derniers sont de très loin les plus nombreux..
Les écoles primaires publiques sont appelées « Ecole Nationale »
Il existe quelques écoles communales dans les zones rurales, elles sont très souvent pauvres et l’enseignement n’est pas de qualité..
L’enseignement privé fleurit partout, à tous les niveaux. Par ses enseignes, il est très visible au contraire de l’enseignement public. Les frais d’inscription et les cotisations mensuelles sont inaccessibles aux pauvres. Les congrégations religieuses, envahissantes, bénéficient de subventions de l’Etat et d’aides importantes des groupements religieux. Elles sont souvent propriétaires de terres, de locaux et terrains. Elles sont bien dotées et peuvent donc offrir un enseignement de qualité, mais le prosélytisme est partout et mettent sous influence les enfants dès le plus jeune âge.
Bon nombre de petites écoles représentent une source de revenus pour leurs propriétaires... avec des enseignants d’un niveau déplorable et un enseignement de très bas niveau, pour ne pas dire complètement nul.
Agnès Lahellec (Association Enfants-Soleil)


Situation de l’Ecole. Sources UNICEF.
Le manque de ressources, tant au niveau des ménages qu’au niveau de l’Etat, mêlé à une instabilité sociopolitique est l’un des principaux facteurs qui affectent le système éducatif haïtien. La pauvreté et la marginalisation font qu’un grand nombre d’enfants et d’adolescents haïtiens ne peuvent jouir de leur droit à l’éducation. Les enfants qui vivent en milieu rural sont les plus touchés.
Alors que l’État n’arrive pas à garantir le minimum de services aux enfants et à leur famille ni à jouer pleinement son rôle, les possibilités pour Haïti d’atteindre, en 2015, les objectifs de l’Education pour tous (EPT), paraissent compromises.
En Haïti, sur 100 écoles, 80 appartiennent au secteur privé. 49% des filles vont à l’école contre 51% pour les garçons.

L’offre scolaire est fortement dominée par le secteur non public. Il faut également souligner que, malgré un accès équitable, les filles fréquentent moins l’école que les garçons. Environ 375 000 enfants entre 6 et 11 ans (soit un tiers de ce groupe d’âge) ne sont pas scolarisés. Le système éducatif est marqué par une importante proportion d’élèves « sur âgés », phénomène dû à l’entrée tardive à l’école pour des raisons économiques ou encore au redoublement causé par la faible qualité de l’enseignement et des conditions d’apprentissage.
La déscolarisation précoce des enfants constitue également un enjeu majeur pour le système éducatif. On estime en effet que seulement 2 enfants sur 10 qui entrent en 1e année du primaire, atteindront la 5e année, et encore moins (2%) termineront le secondaire.
Pour l’UNICEF, les principaux défis à relever sont :
¤ Elargir l’accès à l’Education aux enfants vulnérables ;
¤ L’amélioration de la qualité des services éducatifs ;
¤ L’égalité des chances entre filles et garçons ;
¤ Le renforcement du secteur de la Petite enfance ;
¤ Lier l’éducation et le développement.

L’enseignement primaire en Haïti (Article de l’Association Asach. Aide Suisse à l’action communautaire en Haïti)
Du point de vue de l’instruction de base, la situation en Haïti est catastrophique : le pays compte près de 75 % d’adultes analphabètes, et une très forte proportion d’enfants et d’adolescents n’a ni les moyens ni la possibilité géographique d’être scolarisée ...

Si l’on considère l’ensemble des enfants scolarisés, l’Etat ne parvient à assurer la scolarisation que d’un quart environ de ceux-ci. Ce sont donc les nombreuses écoles privées, religieuses ou laïques, payantes pour la très grande majorité, qui reçoivent le plus grand nombre d’enfants en âge scolaire.
Dans les zones rurales, certaines familles habitent trop loin de toute école pour pouvoir yenvoyer leurs enfants, ou s’y prennent trop tard pour les inscriptions, et bien des enfants ne trouvent place ni dans les écoles de l’Education Nationale, ni dans les écoles privées proches de leur domicile, tant ces établissements sont déjà surchargés.
Il arrive souvent que les classes des écoles accessibles à d’autres qu’aux enfants des nantis comptent jusqu’à cent élèves, dans un espace prévu pour trente, et avec du matériel scolaire à peine suffisant pour vingt. Dans ces "pépinières", comme on les appelle à Bois-Pin-Gomme, un malheureux enseignant s’épuise à donner l’illusion d’une école faisant ânonner et répéter par cœur à ses élèves des notions qui restent totalement hermétiques au plus grand nombre, et parfois à l’enseignant lui-même.
Les enseignants mal formés, accablés par un trop grand nombre d’élèves, se contentent souvent d’utiliser des manuels, désuets jusqu’à l’absurdité, qu’ils ont eux-mêmes appris à connaître quand ils étaient élèves, ce qui les incite aussi à pratiquer des méthodes pédagogiques dépassées, répétitives, décourageantes. Citons pour l’exemple un livre de lecture datant de 1941, et un manuel de mathématiques qui donne, dans un énoncé, l’achat d’un porc pour 40 gourdes .
En Haïti, l’un des problèmes les plus lancinants des écoles publiques ou privées, particulièrement en zone rurale, est celui du matériel scolaire. Il n’est pas rare de voir une classe de plus de quarante élèves, dont une douzaine seulement ont en main le livre de lecture, ou de géographie, ou d’histoire nécessaire pour suivre le programme ; certains élèves n’ont même ni plume ni cahier.
Scolariser un enfant représente pour les parents une très lourde charge. Il faut d’abord payer un écolage, mensuel ou annuel (même dans les écoles nationales, il faut payer une finance d’inscription). Ensuite, le port de l’uniforme est pour ainsi dire de rigueur, et la tradition, ainsi que la fierté familiale et surtout celle de l’enfant exigent que les petits écoliers et écolières se présentent convenablement chaussés à l’école. Enfin, dans la grande majorité des écoles, aucun matériel scolaire n’est vendu à des conditions avantageuses ni prêté gratuitement aux élèves .
Dans le milieu rural, l’argent est rare : sur le plan alimentaire, on consomme d’abord ce que l’on produit. Le peu d’argent disponible est d’abord utilisé pour les besoins essentiels. Etant donné son prix, le matériel scolaire n’a pas la priorité et la nécessité pour l’écolier d’endisposer n’est pas toujours clairement perçue par des parents qui n’ont eux-mêmes jamais fréquenté l’école, ou qui ont subi, pendant un ou deux ans au plus, un enseignement basé essentiellement sur la répétition de phrases ou de mots dont le sens demeurait biens souvent énigmatique.
Les parents doivent donc faire face, à chaque rentrée scolaire, à des dépenses considérables pour chacun de leurs enfants scolarisés. Dès lors, on comprend qu’ils choisissent de n’envoyer que certains de leurs enfants à l’école et qu’ils fassent l’impasse sur le matériel scolaire.
En ville comme en campagne, la dégradation de la situation économique des famillesentraîne chaque année le retrait de l’école de bon nombre d’enfants qui avaient entamé une scolarité primaire normale. Non seulement les familles ne se trouvent plus en mesure d’assumer les frais de scolarisation, mais, la force de travail représentée par l’enfant est requise pour assurer à sa famille le minimum vital. La déperdition scolaire a ainsi pu être définie comme un fléau national en Haïti.
Aujourd’hui, le système éducatif haïtien accueille environ 2 700 000 élèves dans près de 17 000 écoles. Le taux net de scolarisation se situe à environ 60%.


L’enseignement en Haïti.
Article tiré de Wikipédia

En Haïti, surtout dans les bidonvilles, ou à la campagne, le problème de la malnutrition ou de la sous nutrition est récurrent. Il touche une proportion élevée des enfants parmi les 80% de la population déshéritée. Il impacte fortement la santé des enfants et conséquemment, les résultats scolaires. Les cantines sont donc fondamentales, mais hélas largement insuffisantes, et quand elles existent, elles sont loin d’offrir des repas comportant le minimum d’éléments nutritifs nécessaires…ce repas est cependant bien souvent le seul de la journée.

Cet article est issu de Wikipedia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_%C3%A9ducatif_d%27Ha%C3%AFti

Education préscolaire
Elle s’adresse aux enfants de 3 à 5 ans, n’est pas obligatoire. Elle vise l’éveil et la stimulation de l’enfant aux plans émotionnel, physique et social.
En 2007, le sous-secteur préscolaire a été identifié comme étape importante de la vie de l’enfant et de son développement. Cet engagement de l’État permettra, entre autres, de mieux préparer les enfants par des aptitudes sociales et cognitives - à une bonne transition vers le fondamental et, par voie de conséquence, mieux combattre l’échec scolaire dans les deux premiers cycles. Les Kinder-gardens sont très répandus, mais ce sont le plus souvent des « écoles borlettes » tenues par des non professionnels.

Enseignement fondamental
Haïti compte 16000 écoles primaires, 90 % étant dirigées par des communautés locales, des organisations religieuses, ou des ONG.
Le taux de fréquentation est de 67 %, mais seuls 30 % atteignent la fin du système primaire.
L’enseignement fondamental doit être complet et organisé en trois cycles. Les deux premiers cycles qui vont de la 1re année fondamentale à la sixième année fondamentale (quatre ans pour le premier cycle et deux ans pour le deuxième), sont obligatoires et gratuits sur le plan légal. Dans les faits, non seulement la plu^part des écoles sont payantes, souvent très chères au regard des moyens de la population, et l’enseignement y est de très mauvaise qualité.
Ils forment l’éducation de base correspondant à l’enseignement primaire (dans le système traditionnel) et concernent les enfants âgés de 6-11 ans. Le troisième cycle, rattaché aux premiers, regroupera les trois premières classes du secondaire traditionnel de 7 ans dont la réorganisation est en expérimentation depuis 2007. Après trois ans de scolarisation, ils subissent un examen officiel de 9e année qui donne accès à l’enseignement secondaire du territoire. La réalité d’aujourd’hui est que la quasi-totalité des écoles fondamentales n’ont que les deux premiers cycles. Ces années d’enseignement sont sanctionnées par une attestation d’éducation de base qui est une mesure transitoire en attendant la généralisation et l’obligation de l’enseignement fondamental complet qui marquera la rupture définitive avec le système traditionnel.

Enseignement secondaire
Environ 20 % des enfants d’une classe d’âge y sont inscrits.
Le sous-secteur du secondaire, dans l’esprit de la réforme Bernard de 1982, devait faire l’objet d’une réorganisation où les trois premières années d’études seraient rattachées aux deux premiers cycles du fondamental et l’enseignement dispensé en quatre ans serait organisé en trois filières :
¤ une filière d’enseignement général qui prépare des élèves à la poursuite d’études supérieures ;
¤ une filière d’enseignement technologique qui formerait des techniciens pour le marché et ;
¤ une filière d’enseignement pédagogique dont la vocation serait de former des enseignants qualifiés au plan académique et pédagogique, pour intervenir dans les deux premiers cycles de l’enseignement fondamental.

Il est à noter que le Ministère de l’Education nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) prévoit dans son programme organisationnel (P.O) le pilotage d’un nouveau Secondaire de quatre ans avec des filières différentes.

Enseignement professionnel
La formation professionnelle à l’heure actuelle représente pour Haïti un atout, mais aussi une pierre d’achoppement. Car, une école professionnelle ne fonctionne pas à l’instar d’un simple collège. Celle-là doit sans cesse faire face à de nombreuses exigences telles que : le renouvellement des équipements techniques, la qualification constante des formateurs dans les technologies les plus récentes qui ordinairement réclament des dépenses exorbitantes. Or, les dépenses souvent consenties par les gouvernements locaux sont habituellement très dérisoires et d’autre part, on a affaire à des destinataires qui pour la plupart proviennent des parents de très faibles moyens économiques.
La réforme de ce sous-secteur, envisagée depuis 1989, pour le rendre plus pertinent et plus efficace, n’a pas eu de suite pour diverses raisons. En 1997-1998, plus de 7 ans après ces premières tentatives de réforme, le plan national d’éducation et de formation (PNEF) a fait de la formation professionnelle sa seconde priorité et a engagé une démarche de réforme qui, malheureusement, est restée en plan.

Enseignement supérieur
L’éducation supérieure est dispensée dans des universités et dans d’autres institutions privée. Elle est sous la responsabilité du ministère de l’éducation. Les universités bénéficient d’aides qui rendent leur accès abordable financièrement mais les places sont limitées.
L’enseignement supérieur en Haïti est composée d’une part, du secteur public qui comprend l’Université d’État d’Haïti, les universités publiques établies dans certaines villes de province ainsi que d’autres institutions publiques d’enseignement supérieur rattachées à des ministères particuliers, et, d’autre part, du secteur privé comprenant également un nombre de plus en plus élevé d’universités et d’institutions d’enseignement supérieur.

Les enjeux du système : Offre et accès
D’après les chiffres du dernier recensement scolaire réalisé par la Direction de la Planification et de la Coopération Externe (DPCE) du Ministère de l’éducation Nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), l’enseignement classique compte 3 378 790 élèves. Le tableau suivant présente en valeur absolue le nombre d’écoles et d’élèves pour chaque niveau d’enseignement.


Le nombre d’écoles offrant un service préscolaire s’élève à 9355 dont 1175, exclusivement, pour ce niveau d’éducation. 544 474 enfants ont accès à ce sous-secteur. La majorité des centres préscolaires, soit 93,58%, appartiennent au secteur non public. Dans les centres préscolaires sont de petites tailles, parce que 71,03% ont moins de 99 enfants. On a dénombré au niveau des monitrices / moniteurs un effectif total de 19 851 dont 18 253 sont des femmes, soit 91,95%. 53,20% en milieu urbain sont des normaliens contre 11,22% en milieu rural.
Dans les deux premiers cycles de l’enseignement fondamental, les écoles publiques représentent 12% du parc scolaire. La situation est la même pour l’enseignement du 3e cycle fondamental et du secondaire. Dans l’ensemble du pays le secteur non public occupe 88% du parc scolaire national contre 12% du secteur public.
Le recensement scolaire 2010-2011 a permis de dénombrer globalement 13 599 écoles et 2 210 221 élèves dont 1 090 027 filles (parmi ces élèves 0,14% sont des handicapés). Le secteur public accueille 22,02% de ces élèves (soit 486 620 élèves) contre 77,98% (soit 1 723 601) pour le secteur non public. Ce niveau d’enseignement compte 70 009 enseignants dont 28% sont des femmes. Dans le secteur public, 26,73% des enseignants sont des normaliens, contre 13,05% dans le secteur non public. La majorité (61,09%) des enseignants ont entre 20 et 40 ans.
Le nombre d’écoles fondamentales du 3e cycle et du secondaire, recensées à travers le pays, est de 3 477 écoles, les deux secteurs compris. Les établissements publics, même lorsqu’ils sont moins nombreux que ceux du privé, offrent beaucoup plus de places aux élèves. 23% des écoles nationales de troisième cycle et des lycées comptent moins de 150 élèves contre 52% dans le privé. Dans ce sous-secteur, on compte 624 095 élèves, dont 313 932 filles, soit (50,3%).
Les taux brut de scolarisation pour les fondamentaux, 1ers et 2èmes cycles sont respectivement de 14,3% et de 39,30 %. Alors que les taux nets de scolarisation pour ces mêmes ordres d’enseignement sont de 87,66% et 23,54 % selon la même source.
Pour ce qui est de l’enseignement technique et professionnel, les statistiques de l’INFP au 30 juin 2010 font état de 138 centres de formation professionnelle (17 centres publics, 17 centres privés subventionnés et 104 du secteur privé non subventionnés). Il y d’autres centres professionnels et techniques qui sont sous le contrôle d’autres ministères. Le Ministère des Affaires Sociales et du Travail a sous sa tutelle 209 établissements dont 80% se trouvent dans le département de l’ouest. De même, il existe des centres de formation professionnelle faisant partie d’un réseau d’établissements fonctionnant sous tutelle du Ministère de l’Agricultures des Ressources Naturelles et du Développement Rural, ils sont au nombre de 1037.
L’ensemble de ces établissements qui enseignent des programmes de niveaux EEP, EET et des programmes d’enseignement ménager regroupaient fin 2009 un total de 21 090 participants.

Alphabétisation
L’illettrisme touche près de la moitié de la population (55 % des hommes et 51 % des femmes étant lettrés).
Par manque de moyens financiers, l’enseignement public et gratuit n’accueille que 20 % de la population scolaire. Le reste est soit géré par le secteur privé, confessionnel ou non, soit n’est pas scolarisé du tout. La demande sociale d’éducation est très forte et exaspère la population.
Haïti est dans la Caraïbe le pays ayant le taux le plus élevé d’analphabètes. Pourtant plusieurs organismes ont été institués par l’état haïtien pour alphabétiser la partie de la population qui se trouve dans cette situation.

Historique.
Les premières initiatives dans le domaine de l’alphabétisation remonte aux années 1940 sous le gouvernement d’Elie Lescot. En 1947, le gouvernement de Dumarsais Estimé montait une Direction Générale de l’Éducation des Adultes (DGEA) et édictait une loi d’orientation pour le lancement d’une deuxième « Campagne de désanalphabétisation ». Cette campagne a été inaugurée à Marbial dans le Sud’Est du pays, avec le concours de l’UNESCO, une première mondiale en termes d’expérience pilote d’Éducation des adultes. Ceci dura jusqu’en 1954 et a été présentée officiellement comme expérience- témoin par les Bureaux de l’UNESCO. En 1949, la DGEA est remplacée par un Bureau de l’Éducation des Adultes, (Secrétairerie d’État à l’Alphabétisation).
En 1957, l’avènement de François Duvalier à la présidence du pays permettra le lancement d’une troisième « Campagne d’alphabétisation » qui prendra fin en 1961. En cette même année, l’Office National pour l’Éducation Communautaire (ONEC) est créé et procédera le 14 septembre 1961 au lancement d’une quatrième campagne d’alphabétisation.
En 1967, l’Office National d’Alphabétisation et d’Action Communautaire (ONAAC) est créé en lieu et place de l’ONEC. Le 7 mars 1986, la Mission Alpha, campagne nationale d’alphabétisation créée par l’Église Catholique en juillet 1985 lance officiellement, après une expérience pilote conduite en décembre 1985, sa première grande phase d’alphabétisation dans 74 paroisses du pays, puis une deuxième phase touchant environ 60 000 analphabètes qui sera interrompue brutalement en mai 1988, (Secrétairerie d’État à l’Alphabétisation).
Peu de temps après le lancement de la Mission Alpha, le 20 mai 1986, l’Éducation Nationale procède à la fermeture de l’ONAAC et à son remplacement par l’Office National pour la Participation à l’Éducation Populaire (ONPEP). Au mois d’août 1988, le gouvernement militaire d’Henry Namphy ferme l’ONPEP pour le remplacer par l’Office National d’Éducation Communautaire et d’Alphabétisation (ONECA). En mars 1991, le président Aristide, crée le Bureau National d’Alphabétisation (BNA), mais le coup d’État du 30 septembre 1991 mit fin à tous les espoirs. À son retour d’exil, en 1994, il crée et nomme par arrêté présidentiel une secrétairerie d’État à l’Alphabétisation. En 2001 et 2004, le président Aristide lance une nouvelle campagne nationale d’alphabétisation. (Secrétairerie d’État à l’Alphabétisation).
RÉSULTATS DE CES DIFFÉRENTES CAMPAGNES
Les résultats de ces différents programmes sont toujours mitigés car l’orientation politique primait sur l’encadrement technique. À cela s’ajoute une cause profonde : l’absence de synergie dans les actions gouvernementales. Toute action visant à réduire le taux d’analphabétisme doit être attaquée en amont et en aval. Elles ont toujours été expérimentées seulement en aval : tentative d’alphabétiser la population analphabète. En amont, la majorité d’enfants n’avaient pu accéder à l’éducation de base. Donc la source qui alimentait la population analphabète demeurait.
Toutes les campagnes ont essuyé des échecs si bien qu’en 2007, plus de 3 000 000 de personnes âgées de 13 ans et plus ne savaient ni lire ni écrire. Même après 73 ans d’alphabétisation, le degré d’alphabétisme de la population des dix (10) ans et plus est 61,0% dans l’ensemble du pays. Il est plus élevé chez les hommes que chez les femmes : 63,8% contre 58,3%. Le degré d’alphabétisation est de loin meilleur en milieu urbain qu’en milieu rural (80,5%contre 47,1%). Le pays compte encore un fort pourcentage d’analphabètes. Pour une population estimée à 10 413 211 habitants il y aurait 57 % d’analphabètes.

Les causes
Les causes sont multiples. L’absence de scolarité ou abandon. Cette situation est marquée surtout par l’absence totale d’écoles dans certaines zones rurales. Elles sont nettement éloignées et dans certaines familles, l’école est faite pour les garçons et non pour les filles. On retrouve aussi des cas où les enfants travaillent pour certaines familles, cela occasionne leur non-scolarisation. Les causes s’expliquent aussi par une longue scolarité sans effet qui occasionne un décrochage scolaire. Le faible moyen économique des ménages sans l’appui de l’état pour leur aider à la scolarisation des enfants en est une autre.
Formation des maîtres
Après l’indépendance d’Haïti en 1804, il n’y avait pas de maitres formés dans le système éducatif haïtien pouvant assurer une éducation de qualité. Le Roi Henry Christophe (Henry Ier) du royaume du Nord faisait venir des maitres du côté de l’Angleterre non seulement pour assurer l’éducation mais pour rompre tout lien avec l’ancienne métropole française.
Il fallait attendre l’arrivée au pouvoir du président Elie Lescot en 1940 pour que le Ministre Maurice Dartigue vienne avec l’idée d’une réforme mettant l’accent sur une vaste campagne de la formation des maitres.
En 1979, le ministre de l’Éducation Nationale de la Jeunesse et au sport, Joseph Claude Bernard, a entrepris lui aussi une réforme éducative visant de grands changements dans le système particulièrement la formation des maitres.
Selon les objectifs de cette réforme, les maitres devraient être recyclés progressivement pour appliquer les nouvelles méthodes et les programmes de l’enseignement fondamental. Pour les encadrer, des centres de formations professorales devaient être multipliés à travers les districts scolaires du pays. Or, d’après les statistique du ministère de l’éducation nationale de 1993/ 1994, 43,6 % des instituteurs du secteur public sont des diplômés de l’école normale d’instituteur, 22,8 % ont le certificat d’aptitude pédagogique (CAP) et 33,6 % ne sont pas qualifiés. Selon une étude de la PHONEP de la même année, dans le secteur privé, 32,9 % des enseignants du primaire sont des normaliens et 67,1 % ont un niveau d’étude inférieur au brevet d’études primaires (quatrième secondaire). Les enseignants des milieux urbains et suburbains sont plus qualifiés que ceux des zones rurales, car 18 % des derniers contre 3 % des premiers ont un niveau de formation égal ou inférieur au cours moyen deux (CM2, i.e., 6e année fondamentale). En 1995, sur 2 747 enseignants du niveau secondaire, 360 soit 13 % avait un diplôme de l’école normale supérieure ; 500 soit 18 % ont un autre diplôme universitaire ; 1 315 soit 48 % ne possède que le diplôme du baccalauréat et la formation des autres 556 enseignants n’a pas été identifiée. Entre 1990 et 1995, la catégorie des enseignants bacheliers est passée de 38 % à 48 % de la population enseignante du secondaire. Dans l’ensemble, les enseignants du secteur public sont un peu mieux formé que ceux du secteur privé. Mais, les uns et les autres manquent de formation.
Au niveau universitaire, la majorité des professeurs des études supérieures sont des diplômés de licence ou de maitrise. Jusqu’à présent, les facultés de l’université d’État et quelques nouveaux instituts supérieurs et l’université privée délivrent seulement un diplôme de licence. Dans quelques facultés exceptionnelles comme les Faculté des sciences humaines et l’Ethnologie de l’université d’État commencent à former des étudiants au niveau maitrise.
D’autres projets éducatifs succédant la reforme de Bernard de leur cote ont mis l’accent sur la formation des maitres dans le système éducatif haïtien. Le plan national d’éducation et de la formation a beau insiste sur cette question de la qualité de l’éducation.
Cependant pour mieux accomplir la tâche, le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP) a mis sur pied tout un ensemble de structures a cote de l’école normale supérieure pouvant prendre en charge cette question de la formation des maitres. Telles : le centre de formation de l’enseignement fondamental qui doit tenir compte de la formation des maitres pour le troisième cycle fondamental, la formation initiale accélérée (FIA) et École fondamentale d’application centre d’appui pédagogique (EFACAP) qui doit assurer la suivi et l’accompagnement professionnel des maitres.
En 2013, un groupe d’enseignants et certains cadres du Ministère de l’Éducation Nationale poursuivent leurs études en Maitrise en sciences de l’éducation dans un programme de formation décentralisé par l’Université Laval du Québec en partenariat avec l’Université Autonome de Port-au-Prince.

Échec scolaire
L’échec scolaire constitue un handicap majeur pour le système éducatif haïtien. En effet, environ 30% des enfants qui fréquentent l’école primaire (école fondamentale) ne rejoignent pas la troisième année.
Le pourcentage de réussite passe de 84% en 1re Année fondamentale, à 50% à l’école primaire et atteint 25% au niveau des trois cycles de l’école fondamentale (9e année fondamentale), étude réalisée par le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) et l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) en 2005 sur les conditions de vie en Haïti.
En Haïti, le problème de l’échec scolaire touche un nombre élevé de 76 162 élèves, et ce, au niveau de l’enseignement à l’école fondamentale.
Les données statistiques du Ministère de L’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, (MENFP, 2009) ont indiqué que 97 871 sur un total de 118 537 élèves ont échoué aux examens de la session ordinaire du baccalauréat 2009 sur les dix départements géographiques d’Haïti.
En Rhéto, l’année avant le bac (équivalente à notre première en lycée) 10 880 élèves sont admis sur un nombre de 66 881 participantes et participants, tandis qu’en philo 16 861 élèves ont réussi sur un nombre de 51 658 participantes et participants, soit un taux d’échec global de plus de 75% aux examens de première et deuxième partie du baccalauréat en juin 2009.
Le taux de réussite, pour la session extraordinaire, en Rhéto pour la période 2002-2011 est inférieur à 60% sauf pour l’année académique 2003-2004. Pour la classe de Philo, le taux de réussite est inférieur à 40 % pour toute la période.
Le problème de l’échec scolaire dans le système éducatif haïtien est lié à la question du bilinguisme. L’échec scolaire des enfants dans le milieu scolaire Haïtien est aussi en rapport avec les conditions physiques de l’école (manque d’infrastructures scolaires, matériels didactiques appropries à l’apprentissage, etc.), les pratiques scolaires, les attitudes des enseignants, l’implication du milieu familial dans la formation des enfants. La situation socio-économique et socio-culturelle des enfants influerait sur l’état d’esprit des élèves.

Le système éducatif haïtien est marqué par une importante proportion d’élèves sur-âgés qui engendre l’échec scolaire. Cette proportion passe de 72% en 2003 à 60,84% en 2011.
Les causes de ce fait sont d’une part, l’entrée tardive des enfants à l’école pour des raisons économiques d’autre part la faible qualité de l’enseignement et des conditions d’apprentissage qui favorisent le l’échec scolaire.
Redoublement
La question de redoublement est très considérable dans le Système Éducatif Haïtien. Le "redoublement est déficitaire et pour les parents et pour l’État, et a aussi un impact social négatif sur les élèves.
« Les données statistiques disponibles en Haïti indiquent que 80% des élèves redoublent au moins une fois.
Le système agit donc comme un entonnoir. Par exemple, sur 100 élèves entrant en première année, seulement 3 arrivent en philo.

Les sur-âgés du SEH
Les sur âgés (enfants âgés de plus de 14 ou 15 ans à l’école primaire demeurent un problème majeur entravant la bonne marche du SEH. En effet, ils représentent, en Haïti, presque la moitié des effectifs de l’enseignement fondamental. Ce fait réduit la capacité d’accueil des établissements, et entraîne des problèmes pédagogiques sérieux, de la gouvernance, etc.
Le cas des élèves sur âgés constitue un phénomène particulier du système d’éducation haïtien et explique en grande partie l’écart important constaté entre le taux brut et le taux net de la scolarisation.
Le taux brut de scolarisation primaire est de 57% pour le préscolaire, 76% pour le cycle primaire.
Environ 380 000 enfants âgés de 6-11 ans ne fréquentent pas l’école. 72% des élèves de première année dans les zones rurales sont trop âgés ; 38% des enfants entre 7-18 ans n’ont jamais été à l’école.

Les distances trop longues à parcourir, difficultés économiques sévères… amènent les parents à différer l’entrée des enfants à l’école, et explique en partie le phénomène des sur âgés. Avec le taux élevé des redoublements, la situation s’aggrave au cours de la scolarité pour atteindre 88,7 % de sur âgés en CM2 avec un âge moyen de 15,3 ans. « Sur les 2 millions d’enfants fréquentant le niveau fondamental, 56 % seulement ont l’âge requis dans le premier cycle (6 -11 ans) ».
« On estime que plus de 1 500 000 élèves, soit 72% des effectifs des deux premiers cycles du fondamental sont des sur âgés. Ce phénomène des sur âgés, caractéristiques du système, limite les places disponibles dans les écoles, affecte l’efficacité interne du système et décourage les élèves, favorisant ainsi la déperdition scolaire. Il est donc essentiel de pouvoir améliorer leur flux dans les établissements. Pour cela, un grand nombre d’enfants sur âgés se verront orienter vers des programmes de formation accélérée ».

Religion et éducation
L’identité nationale de l’Haïtien à travers son système éducatif a toujours soulevé des questions en fonction du contrôle exercé par la religion sur l’enseignement en Haïti depuis l’indépendance. Ainsi plusieurs scientifiques post modernes dont : Thomas Kuhn (1962), Gilles Bourgain (2011) vont même proposer de « sortir de la religion ». De son côté dans son ouvrage l’éthique protestante montre également la pertinence de « l’agir en communauté » ou la religion joue un rôle important. Pourtant l’ancrage de la religion dans toutes les sphères de la société haïtienne notamment dans l’éducation demeure de plus en plus important. Quelle est donc l’explication de ce phénomène séculaire en Haïti ? Appréhender éducation et religion en tant qu’objet d’étude demeure pour nous une préoccupation compte tenu de la dimension éthique, morale, politique liée à une telle entreprise.

Historique.
Au moment de la colonisation l’éducation était reléguée au second plan compte tenu du système esclavagiste établi à l’époque. Après l’indépendance, les diverses constitutions élaborées dans le pays ont accordé une place importante à l’éducation. Cependant, la rareté des ressources à laquelle faisait face la jeune république rendait irréalisable les vœux des dirigeants de l’époque. Ainsi, la religion catholique allait s’ancrer dans l’éducation compte tenu de l’absence de « légitimité institutionnelle » dans ce pays ravagé par deux siècles de stagnation politique, l’Église Catholique de par son influence considérable dans le secteur de l’éducation supplanta l’État et avec la signature du concordat de 1860 entre l’État haïtien l’église catholique allait renforcer cette mainmise de cette dernière sur le secteur éducatif en Haïti. L’arrivée des méthodistes comme une secte protestante en Haïti vers les années 1939 allait envenimer les relations entre ces deux sectes religieuses dans la mesure où leur présence représentait un équilibre des forces religieuses dans l’enseignement en Haïti. « Dans les années 1970 à 1985 la population protestante se chiffrerait à 16,2 % et déjà en 1996 39% des habitants de la zone métropolitaine se déclaraient contre 49,6 % de catholique » : l’auteur poursuit pour expliquer que « les services nombreux apportées par les églises protestantes : écoles, aides au développement, programme agricoles, hôpitaux… ».
Pourtant cette situation n’a pas vraiment diminué les inégalités scolaires dans le pays. C’est ce qui explique l’inquiétude de l’anthropologue Laenec Hurbon (2004) : « L’enseignement notamment, longtemps dans les mains religieuses, justifiait idéologiquement l’inégalité » Page 317.
Somme toute, la religion en dépit de son apport considérable dans l’éducation en Haïti compte tenu des faiblesses de l’État qui est incapable de répondre à la demande scolaire qui ne fait qu’augmenter. Le système éducatif haïtien modelé sur la conception des religieux occidentaux implantés en Haïti au début du XIXe siècle n’a pu que provoquer qu’échec scolaire en fonction de leur inadaptation de la « forme scolaire » et l’organisation scolaire qui favorisent l’inégalité.