Augmentation des prix. L’économie haïtienne en danger.

A cause des violences et de la situation générale, les prix des denrées de base atteignent des sommets et toute l’économie s’en trouve touchée.

Nos sources viennent d’un article du Nouvelliste.

Un euro vaut actuellement autour de 140 gourdes. Vu la situation du pays, ce taux est totalement artificiel, tant la dévaluation de la monnaie est galopante.
Tout le pays est touché.
On ne parle pas de la tranche de la population qui n’a plus de revenu ; en particulier les petits commerçants et les travailleurs du secteur informel qui représentent une grand part de la population, ni du million de personnes déplacées à cause des violences qui se retrouve dans les rues.

Quand on se souvient des prix il y a quelques années, par rapport aux revenus de la population qui ont très largement baissé, les prix ont bien plus que doublé.

La population du département du Sud, en particulier celle de la ville des Cayes, est sévèrement affectée par une série de crises économiques engendrées par le contrôle exercé par des gangs armés sur les axes routiers, à l’entrée sud de la capitale.

Parmi les conséquences les plus graves figurent la pénuries et les hausses des prix des produits alimentaires, une inflation galopante, l’augmentation du coût des transports en commun, l’envolée des prix des matériaux de construction et la flambée des prix des carburants.

Transport des marchandises hors de prix
Le transport des marchandises depuis Port-au-Prince est devenu un véritable défi. Un commerçant des Cayes affirme que pour acheminer une cargaison il faut payer jusqu’à 300 000 gourdes à un chauffeur. De cette somme, environ 50 000 gourdes servent à verser des pots-de-vin aux policiers et la rançon aux gangs présents sur le trajet, notamment à Varreux. À cela s’ajoute une somme de 1 300 dollars américains pour transporter les marchandises par voie maritime jusqu’à Petit-Goâve ou Miragoâne. Ces coûts exorbitants impactent directement les prix des produits sur le marché local.

Une flambée des prix des produits de base
La rareté de certains produits de base comme le riz, le spaghetti, l’huile ou encore le saumon a entraîné une inflation galopante. Un sac de riz de 25 kg se vend actuellement entre 4 500 et 5 000 gourdes, tandis qu’un sac de farine coûte 4 000 gourdes et un sac de sucre 4 750 gourdes. Le gallon d’huile de cuisine atteint les 2 500 gourdes, et une caisse de spaghetti se vend entre 2 250 et 2 400 gourdes. L’ail, également rare, est vendu à 7 500 gourdes la caisse. D’autres produits connaissent une flambée similaire : une caisse de hareng, qu’on appelle "saumon" en Haïti coûte 15 000 gourdes, soit 250 gourdes l’unité. Le citron, le poireau et les poivrons deviennent de plus en plus difficiles à trouver.

La hausse des prix des boissons
Les boissons gazeuses, très consommées par la population, n’échappent pas à cette montée vertigineuse des prix. Une caisse de Coca-Cola, qui se vendait 2 400 gourdes en juin, coûte désormais 3 000 gourdes. La bouteille, autrefois vendue à 100 gourdes, est passée à 175 gourdes. Une caisse de Fanta, qui valait 1 700 gourdes, coûte maintenant 2 200 gourdes, et la bouteille est passée de 75 à 150 gourdes. Le même phénomène est observé avec la bière Prestige, dont la caisse coûte 4 250 gourdes, contre 3 750 auparavant. Dans les bars, une bouteille est vendue entre 200 et 250 gourdes. Les consommateurs qui achètent un plat de riz accompagné d’une boisson gazeuse dépensent à présent près de 1 000 gourdes : entre 500 et 750 gourdes pour la nourriture et 150 gourdes pour la boisson.
Rareté des produits d’hygiène

La rareté touche également les produits d’hygiène. Une caisse de papier hygiénique, autrefois vendue à 9 000 gourdes, coûte dorénavant 12 000 gourdes, tandis que le rouleau individuel est passé de 125 à 200 gourdes. Les couches pour bébés, vendues à 3 250 gourdes autrefois, atteignent désormais 4 500 gourdes. Même les produits comme la Super Colle (Super Glue) ont vu leur prix doubler : une caisse coûte aujourd’hui 6 000 gourdes contre 3 500 gourdes jadis. L’unité se vendait à 25 gourdes, il coûte 50 gourdes de nos jours.
Les chauffeurs du transport en commun en grande difficulté

Le secteur du transport en commun est en grande difficulté.
Bertrand Banatte, représentant de l’Association des propriétaires et chauffeurs haïtiens (APCH) dans le Sud, affirme que les camions reliant les Cayes à Port-au-Prince sont passés de 112 à seulement une dizaine. Les bus, auparavant au nombre de 47 sur ce trajet, ne circulent plus, laissant chauffeurs et propriétaires sans revenu. Les minibus reliant Miragoâne et Petit-Goâve ont également diminué, passant de 150 à une vingtaine.

Dans les zones rurales, la situation est tout aussi critique : moins de 10 tap-tap assurent encore les trajets vers des communes comme Ducis, Saint-Jean du Sud ou Chantal. Sur la côte sud, une vingtaine de tap-tap continuent de circuler, mais les chauffeurs peinent à trouver des passagers. Ceux qui desservent Camp-Perrin, Torbeck ou Cavaillon comptent principalement sur les écoliers et quelques commerçants pour subsister.

Les tarifs de transport ont aussi explosé.
Le trajet Cayes/Camp-Perrin, Cavaillon, Ducis ou Chantal coûte désormais entre 150 et 200 gourdes. Pour se rendre à Les Anglais, il faut payer 1 000 gourdes, tandis que le trajet vers Tiburon coûte 1 500 gourdes. Le trajet des Cayes à Aquin, autrefois abordable, est passé à 500 gourdes. Puisque le circuit Cayes-Port-au-Prince n’est plus opérationnel, les passagers doivent se rendre à Miragoâne pour 750 gourdes, un tarif presque doublé. Les motos-taxis, très utilisés par les élèves, ont également un tarif élevé. Un trajet en ville, autrefois à 75 gourdes, coûte maintenant 100 gourdes, voire plus lorsque le carburant se raréfie.

Le carburant devient une denrée rare
Le prix du gallon de gazoline varie entre 800 et 850 gourdes, tandis que le diesel atteint 900 gourdes et le propane, devenu rare, se vend entre 650 et 750 gourdes le gallon. Cette situation impacte lourdement tous les secteurs de l’économie, du transport aux petites activités commerciales.

Montée des prix des matériaux de construction
Les matériaux de construction, essentiels pour la réparation ou la construction d’habitations, ont également vu leurs prix s’envoler. Un sac de ciment, vendu 1 100 gourdes il y a quelques mois, coûte désormais entre 1 700 et 1 750 gourdes. Un camion de sable de 10 roues coûte 30 000 gourdes, et une tonne de fer atteint 112 500 gourdes. Une tôle d’acier pour toiture est vendue à 650 gourdes l’unité.