Une semaine en Haïti N° 1575 9 déc 2022

par Gérard

On ne trouve guère, dans tout le pays, de raisons d’espérer.
Les instances internationales hésitent à mettre le pied dans ce guêpier, d’autant que, sujette à des informations souvent fausses, mais qui servent certains que le désordre avantage, la population se montre très opposée à toute ingérence.
De fait, les USA sont accusés de soutenir le gouvernement de facto qui n’est pas légitime. Il n’y a pas d’autre interlocuteur fiable dans le pays.
Il n’y a aucune perspective d’entente entre les oppositions, qui voient chacune leur intérêt, au détriment du bien de la population.
Ainsi, la voie est libre pour les gangs, de plus en plus nombreux et violents, qui volent tuent, rançonnent impunément une population que la famine plonge dans la pire situation qu’a connue le pays.

L’hebdomadaire du Collectif Haïti de France
Une rédaction d’Alterpresse … avec le soutien de la Fokal

No 1575 | mercredi 7 décembre 2022
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TITRES DE LA SEMAINE

Opérations de la Police Nationale à Cabaret après l’assassinat de plus d’une vingtaine de personnes par des gangs armés

Spirale d’angoisse face à la violence décuplée des gangs

Sanctions du Canada contre Gilbert Bigio, Reynol Deeb et Sherif Abdallah, membres de l’élite économique haïtienne.
Ce sont des centaines d’assassinats qui endeuillent le pays, des dizaines de milliers d’habitants chassés de leur logement, des femmes violées systématiquement, un pays paralysé par la peur et une police incapable de protéger ses habitants, tandis que le choléra s’étend et que la menace du chaos se fait plus angoissante chaque jour... Même l’agriculture est en crise, les paysans et commerçants, menacés et rançonnés, ne peuvent plus travailler.
Jamais la situation n’a été aussi grave, même sous les pires dictatures.

Le point sur le Choléra. Une menace dramatique.
Un article du Nouvelliste.

Photo Unicef. Choléra à Cité Soleil.

La propagation du choléra continue d’inquiéter à la fois les autorités sanitaires et les organisations non gouvernementales évoluant dans le secteur de la santé en Haïti.

Plus de 13 000 cas suspects, 283 décès au total et un nombre de personnes hospitalisées qui s’élève à 11 751 selon le 65e bulletin de la Direction d’épidémiologie, des laboratoires et de la recherche du MSPP.

Selon la tendance des cas suspects en Haïti, plus de 40% des personnes atteintes sont des enfants de 14 ans et moins dont 2 830 ont moins de 5 ans.

Si le MSPP priorise une approche communautaire passant notamment par la formation des officiers sanitaires, l’UNICEF pense, dans un communiqué publié sur le site des Nations unies, qu’Haïti a besoin d’une aide financière conséquente pour répondre aux défis engendrés par le choléra et autres urgences humanitaires.

"Haïti : L’UNICEF a besoin de 210 millions de dollars pour apporter une aide humanitaire à 2,7 millions de personnes dont 1,6 millions d’enfants l’année prochaine", titre cette note des Nations Unies.

"La recrudescence de la violence et des troubles sociaux, la recrudescence du choléra et les besoins résiduels des populations les plus vulnérables touchées par le tremblement de terre ont entraîné une augmentation des besoins humanitaires et des besoins de financement par rapport à 2022", indiquent les Nations unies.

Travaillant en appui aux autorités gouvernementales dans les zones les plus négligées, le représentant de l’UNICEF en Haïti, Bruno Maes, se désole de la situation des familles en Haïti, impuissantes face aux nombreuses crises qui touchent les enfants en priorité en Haïti.
« Quand une mère voit son enfant malnutri souffrir du choléra, avoir la diarrhée, vomir, continuer à maigrir et être sur le point de mourir, et qu’elle ne peut pas l’emmener à l’hôpital à cause de l’insécurité, c’est triste. En Haïti, un enfant sur deux n’a pas recommencé à aller à l’école et risque de tomber dans le piège des gangs et, en raison de la violence, les agents de santé ou les enseignants ne peuvent pas se présenter librement au travail, ce qui entrave davantage l’accès des femmes et des enfants à la santé, à la nutrition, aux services d’éducation et d’assainissement », a-t-il déclaré.

"L’épidémie de choléra se superpose à la violence liée aux gangs et aux troubles sociaux majeurs qui ont éclaté à travers le pays. Dans le même temps, de graves pénuries de carburant ont limité les services publics et la fourniture de services de base, notamment l’eau et les soins de santé. Dans certaines régions, l’insécurité empêche les patients d’accéder aux installations médicales et le personnel de santé de se présenter au travail, ce qui a un impact important sur la réponse à l’épidémie de choléra, y compris la collecte de données et le transport des échantillons de test et des résultats", déplorent les Nations Unies.

" Les manifestations violentes qui se sont développées depuis la mi-2021 en raison de la violence des gangs et du meurtre du président ont directement affecté l’accès aux services de santé pour au moins 1,5 million de personnes, tandis que plus de 4 millions d’enfants continuent de souffrir de malnutrition et d’un accès limité aux services de base. Au moins 96 000 personnes sont déplacées à l’intérieur d’Haïti en raison de la violence des gangs et des troubles civils, les enfants non accompagnés étant exposés aux abus, à l’exploitation et à la violence", ont-ils souligné.

Toujours selon cette note, une évaluation nutritionnelle à Cité Soleil, un quartier pauvre de la région métropolitaine de Port-au-Prince, a révélé qu’un enfant sur cinq de moins de cinq ans souffre de malnutrition aiguë, tandis que 4,7 millions de personnes en Haïti sont confrontées à une faim aiguë.

Des efforts considérables sont déployés par le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), mais 47 % des écoles ne sont pas encore ouvertes. En 2022, trois écoles sur cinq évaluées par l’UNICEF et le MENFP ont été attaquées ou pillées, laissant un demi-million d’enfants âgés de 5 à 19 ans à risque de perdre des opportunités d’apprentissage.

En 2023, l’UNICEF fournira des biens et services vitaux aux enfants et aux populations vulnérables dans le contexte de l’insécurité, de la santé et des crises sociales et économiques en Haïti, à condition qu’un financement suffisant et opportun de 210,3 millions de dollars demandé soit reçu.

Pour lire les nouvelles de mi-décembre cliquez sur le lien.

Voir en ligne : Meurtres, enlèvements viols, la guerre continue dans le pays