Le désastre continue, en Haïti.
Les affrontements entre gangs armés font une quinzaine de morts à Noailles
Le village de Noailles, à une douzaine de Km de Port au Prince, est centre culturel de la sculpture en fer en Haïti. Depuis de nombreuses années, ce village d’artistes attire des amateurs d’art. Il compte une vingtaine de bons ateliers que nous connaissons tous depuis 25 ans et où nous avions l’habitude de rencontrer les artistes pour leur acheter un artisanat original, et unique, dont les premiers artistes étaient les sculpteurs vaudou, aujourd’hui très connus.
L’ADAAC de Croix des bouquets avait fait beaucoup pour que ce village émerge de l’ombre, devienne salubre et que ses artistes soient reconnus sur le plan international. Des rues goudronnées, des trottoirs, des maison décentes et jolies où les artistes exposaient leurs créations. Avec eux nous avions créé un ciné-club, en partenariat avec les dirigeants, dont les frères Rémis, qui exposent dans le monde entier. Il y avait beaucoup d’autres activités culturelles.
Les gangs se sont invité. Beaucoup d’habitants ont dû déménager pour sauver leur vie. La maman de notre représentant, Jéramie a été l’une des premières touchées. Les familles partent sans rien, sous la menace de mort des tueurs des gangs.
Plus personne ne travaille désormais à Noailles, des maison sont pillées, brûlées, les bandes se disputent des territoires avec une violence inimaginable.
L’Association des artistes et artisans de la Croix-des-Bouquets (ADAAC) et la Fondation AfricAmerica tirent la sonnette d’alarme sur les tensions qui règnent dans le village de Noailles, bastion du fer découpé dans le pays. Les deux structures dénoncent les affrontements entre gangs dans ce village (regroupant 75 ateliers d’artistes qui font vivre près de 300 familles) qui ont provoqué plus d’une dizaine de morts et des centaines de déplacés.
Publié le 2022-10-20 | lenouvelliste.com
« L’avenir du Village artistique de Noailles est aujourd’hui menacé par les gangs de Vitelhomme et de 400 Mawozo. Près de 12 maisons ont été brûlées en moins d’une semaine, mettant plus de 20 familles en situation de sinistrés. On compte déjà 200 déplacés et le plus tragique : on compte une quinzaine de personnes tuées, dont 7 dans la seule journée du 17 octobre. C’en est assez. Nous demandons aux autorités locales ainsi qu’aux instances internationales aux représentations officielles présentes dans le pays de prendre les dispositions pour arrêter le massacre, la catastrophe humanitaire et la destruction de ce patrimoine national qui a lieu en ce moment même », déplorent les deux organisations.
Le ministère de la Culture condamne
Dans une note de presse publiée ce 20 octobre, le ministère de la Culture et de la Communication dit « suivre, avec la plus grande inquiétude, le conflit armé, entre gangs rivaux, qui prend en otage, depuis plus d’une semaine, le Village artistique de Noailles ».
Plus loin, le MCC a condamné les actions des gangs. Selon le ministère dirigé par Emmelie Prophète Milcé, ces actions « constituent un crime contre le patrimoine culturel et particulièrement contre ce site de première importance dans la production du métal découpé, classé, depuis 2020 : Patrimoine culturel immatériel de la République d’Haïti ».
« Le MCC travaille prioritairement avec les autorités impliquées dans la sécurité publique pour favoriser la protection du site, des artistes et des riverains ainsi que la sauvegarde d’un patrimoine essentiel. Le Ministère de la Culture et de la Communication appelle à la solidarité de tous les Haïtiens et des partenaires internationaux concernés pour mettre un terme à cette situation qui risque de se transformer en catastrophe avec des conséquences irréversibles », conclut la note.
L’ambassade d’Espagne en Haïti s’est également prononcée contre les événements qui affectent ce village d’artisans. « L’ambassade d’Espagne en Haïti condamne fermement les attaques meurtrières contre les artistes du Village de Noailles, dont les œuvres sont considérées comme un patrimoine immatériel d’Haïti, et fait appel au principe d’humanité qui oblige chacun à respecter la vie des citoyens innocents », peut-on lire sur le compte Twitter de cette ambassade.