Bilan début 2013.
Ecole fraternité. Cité Soleil. Port au Prince.
Nous avons reconstruit cette école, après le séisme,grâce à une subvention de la Fondation de France. Elle compte aujourd’hui 8 salles de classe et 180 élèves inscrits.Il y a 8 professeurs (plusle directeur, Michel Jeanthyl) pour les cours,un professeur de musique et une secrétaire, surveillante, qui sera chargée des cours d’informatique dès que les ordinateurs seront disponibles.
Construire une école est une chose, la faire vivre en est une autre,dans les conditions difficiles d’une cité insécure,où la misère est partout, où le chômage est généraliséet dont les enfants sont extrêmement pauvres. Une vingtaine d’enfantsseulementpeuvent payer les frais de scolarité. Les enfants ont droit au meilleur enseignement possible et à de bonnes conditions de travail et de sécurité. Le problème de la sous nutrition, pour la grande majorité d’entre eux est réel.
Le cadre de vie.Les activités.
L’école est coincée entre des habitations, il n’est pas possible de l’agrandir, le propriétaire d’une ruine attenante ne veut ni louer ni vendre. Nous continuons à négocier. Deux ou trois salles de classe supplémentaires seraient très vite occupées.
Espace d’activités.
L’école donne sur un espace sportif et culturel aménagé par la municipalité et par une association canadienne : les enfants peuvent en profiter, pour des activités sportives en particulier. Une bonne entente entre la directionde l’écoleet cette association permet mener ensemble des activités :
Tournoi de football.
Les enfants de l’école ont participé à un tournoi avec de nombreuses équipes de cité Soleil, sur le terrain attenant à l’école. Ilsont atteint le stade de lafinale, ce qui est un excellent résultat. Ce tournoi, qui sera renouvelé chaque année facilite l’intégration des écoles, permet des échanges, valorise les enfants et crée une fête pour tous, ce qui apporte un rayon de soleil dans la vie quotidienne, si difficile.
1 Les enfants de Fraternité, filles et garçons, participent au tournoi. 2 le Directeur, Michel Jeanthyl, encourage les équipeset rappelle les règles. 3 De nombreux spectateurs et une bonne organisation. 4 Des journées de fête et un repas pour tous, préparé par les cuisinières de l’école. Une éclaircie dansla vie quotidienneet des moments de fraternité.
La pépinière populaire et pédagogique.
Une association haïtienneamie a créé une pépinière attenante à l’école. C’est une sorte de défi réussi, car en plein milieu de la cité, cet espace vert de 6000 mètres carrés est une sorte d’exploit. Ces jardins sont ouverts aux habitants qui y participent, c’est un espace pédagogique qui,de plus,apporte des légumes frais aux participants. Des techniciens agricoles donnent des conseils ; les enfants de l’école y participent régulièrement pour des activités extrascolaires. Apprendre à faire des engrais naturels, connaître les plantes utiles, acquérir des techniques... ces enfants de paysans, exilés à cause de la misère, ont oublié depuis longtemps la campagne et retrouvent avec plaisir les gestes de leurs grands-parents. Il n’y a pas eu un vol depuis la création.
On trouve dans cette pépinière toutes les cultures vivrières et des plantes utiles comme le moringa, que les habitants de la cité découvrent et commencent à utiliser.( voir la page « Campagne moringa » initiée par Enfants-Soleil, et les qualités exceptionnelles de cette plante aussi courante qu’ ignorée en Haïti).
1 Au milieu des habitations précaires, un espace de verdure a surgi. 2 Le Moringa est un arbuste dont les jeunes feuilles sont excellentes pour la santé. 3 Toutes les plantes courantes en Haïti sont cultivées.Au milieu des bâtiments désaffectés : des plates-bandes où poussent des légumes : tomates, poivrons, aubergines,et 4 Des fosses à compost !
Les cours de musique.
Les cours de musique, 4 heures par semaine, sont complets, et des inscriptions ont dû être différées faute de place. L’association a fourni en 2012 des flûtes et deux orgues électroniques. Nous avons promis, dès que nous trouverons les fonds, d’ajouter une guitare et des percussions.Ce sera fait cette année.
Le professeur de musique a été sollicité par une association avec laquelle nous travaillons depuis de nombreuses années : SOS Enfants. Il enseignera sans doute dans la toute neuve et très belle école Saint Alphonse, à Cité Soleil, et pourra dans un premier temps utiliser le matériel de l’école Fraternité. De plus en plus, nous arrivons à échanger avec d’autres associations, pour un travail plus efficace sur le terrain. Certaines sont très ouvertes, d’autres moins.
La bibliothèque.
Il y a enfin une bibliothèque, dans un local prévu à cet effet, et bien rangée !!!
Le problème est que les conditions de vie à la maison peuvent difficilement s’accommoder de la sortie des livres : ils seraient trop vite abîmés ou volés. D’autre part, les enfants ne peuvent pas rester le soir : on ne sort pas dans la Cité quand il fait nuit. La présence de la secrétaire, qui connaît d’autre part l’informatique et qui pourrait se charger de la formation, permet des emprunts sur place et des espaces lecture.
Un asile pour des lycéens de Rétho et Philo (dernières années avant le bac)
Tous les après-midi, l’école accueille des lycéens qui ne trouvent pas de lieu pour travailler. Nous en sommes très heureux. Cela donne de la vie et rend de grands services ; à Cité Soleil, il est très difficile de trouver un espace sécurisé et calme, les lycéens, très défavorisés par rapport à certains autres élèves, peuvent ainsi travailler ensemble, échanger, faire leurs devoirs. Notre but est de fournir à ces enfants du matériel moderne qu’ils puissent utiliser : des ordinateurs en particulier. Avoir accès à internet, pouvoir s’initier à l’informatique ou aux outils de base est devenu indispensable, en Haïti comme ailleurs. Les élèves qui n’y ont pas accès sont très handicapés par rapport aux autres.
Un local pour la messe du Dimanche
Lorsque le directeur nous a demandé s’il pouvait prêter les locaux de l’école pour une église, chaque dimanche matin, nous avons été un peu réticents. Mais les habitants du quartier y sont très sensibles, et le pasteur, lorsque les écoles ont été détruites à Cité Soleil, par les combats de 2004, nous avait prêté sa petite église pour assurer les cours. Et c’est aussi un facteur d’intégration de l’école dans le quartier. Vivre dans cette zone est très difficile et le soutien des habitants est un élément important.
L’enseignement.
Nous avons effectué des changements parmi les professeurs en 2012 : les enseignants, plus jeunes,qui travaillent en ce moment, sont plus motivés et dynamiques et les résultats sont déjà là. Les examens d’Etat de la fin de l’année 2012 le montrent,avec une réussite jamais atteinte en fin d’année.Ce qui a valu à l’école d’obtenir une subvention de 800 € de l’Etat haïtien, dans le cadre de l’effort national pour l’éducation. Nous verrons dans une autre page que l’Association a le plaisir de constater que des élèves, de plus en plus nombreux, issus de milieu très défavorisés, suivent des études supérieures. Hélas les études dans les bons établissement sont très chères.
La jeune secrétaire de l’école apporte un plus, elle est dynamique et pleine d’idée.
La cantine.
Il faudrait un repas par jour pour tous les enfants. Nous n’y parvenons pas, faute de moyens. La cantine est financée par une partie des parrainages, et aussi par les recettes de nos ventes d’artisanat et quelques dons.Il faut payer les cuisinières, le gaz, etc.
Les jours de cantine devenaient irréguliers. Il y avait des repas au début du mois, et parfois, en fin de mois, elle s’arrêtait faute de provisions. Pour remédier à cette situation, nous avons décidé, avec la direction, d’assurer la cantine en début de semaine seulement, mais régulièrement. L’une des cuisinières a déjà eu un prêt et une petite subvention pour une activité les jours où elle ne travaille pas à la cantine. ( voir la page « Restaurant Léona »). Nous ne pouvions pas en effet diminuer de moitié son salaire sans l’aider à trouver autre chose.
Elle montera un petit restaurant dans son quartier, et sa fille, diplômée de comptabilité, l’aidera dans ce travail.
Il existe des aides pour les cantines, nous avons déposé des dossiers, mais jusqu’à présent, les fonds des organismes qui distribuent les aides du Programme Alimentaire Mondial ( toutes les aides viennent finalement de cette source internationale) ne suffisent pas à aider toutes les cantines. Les enfants ont faim en Haïti, et c’est un drame national. La sous-nutrition est un fléau qui hypothèque l’avenir du pays.
1 Les cours de musique ont du succès depuis leur création. 2 Lacantine pose des problèmes. 3 Les repas de fêtes, comme ici à noël, sont attendus par les enfants. 4 Ecrire des lettres aux parrains est toujours difficile en Français.
Les parrainages dans l’école.
Il y a 15 enfants parrainés qui sont encore à l’école.10 autres, qui étaient à l’école, sont désormais dans divers lycées depuis cette année. 4 autres, encore parrainés, ont quitté l’école pour des lycées depuis plus longtemps. Il en faudrait quatre fois plus pour nous permettre d’offrir un repas par jour à tous les enfants.
Une partie du travail durant nos séjours sur place consiste à rencontrer ces enfants et à faire un bilan aux parrains de leur situation. Laetitia Dujardin et Sandrine, de l’Association Enfants-Soleil Alpes Provence, ,qui ont passé deux petites semaines en Haïti ont vu ces enfants, les ont aidés à écrire leurs lettres aux parrains,elles ont été enchantées par ces rencontres ;Gérard, qui est resté beaucoup plus longtemps, les a revus deux fois au mois de mars. Deux enfants n’ont pas été présents. La direction va nous donner le questionnaire qui a été préparé pour eux. Beaucoup de parents arrivent difficilement à nourrir leurs enfants. Il y a des situations dramatiques et certains vivent encore sous la tente. D’autres, aidés par l’association ou par des parrains, ont eu plus de chance : l’une des mamans a pu acheter son petit logement, d’autres ont pu démarrer des petits commerces. Tout cela va très lentement, mais les choses s‘améliorent petit à petit.
Distribution de produits d’hygiène pour les enfants et leur famille.
Le Docteur Ostene Joseph, coordinateur de l’Association Enfants-Soleil Haïti, a distribué avec Laetitia et Sandrine,qui y ont consacré une part du budget de l’Association Enfants-Soleil Alpes Provence,des produits d’hygiène pour les enfants de l’école et leur famille. Dentifrice, brosses à dents, pansements, désinfectants. Les parents n’ont pas souvent la possibilité d’en acheter. Des habits, neufs et de grande marque seront distribués dès l’arrivée du container (juin) : ils nous ont été offerts par l’entreprise Bulle de BB. Ces dons seront distribués aux enfants de 0 à 8 ans des familles démunies, avec d’autres, donnés par d’autres entreprises ou des particuliers. La valeur de ce don de Bulle de BB approche les 40000 €. Un grand merci aux entreprises solidaires qui n’oublient pas ce pays.
Conclusion et perspectives.
Nous nous battons pour avoir des informations plus précises et plus régulières sur la cantine, les enfants, les courriers sont parfois irréguliers ou un peu maigres… La secrétaire a désormais accès à Internet, et nous en sommes heureux. Nous espérons aussi installer l’accès au Web pour des groupes d’élèves.
Mais ce n’est pas facile. Nous venons d’apprendre que fin mars, les chaises despetits de la section préscolaire ont été volées.Les voleurs ont escaladé les toits malgré les chevaux de frises installées. On ne peut pas rentrer les chaises tous les soirs. Tout le matériel précieux est dans un local sécurisé, mais il n’y a pas assez de place pour tout.
Nous voudrions bien agrandir l’école. Nous voudrions aussi construire une nouvelle école sur le petit terrain, très bien placé, qui appartient à l’association. (Nous pourrions construire cette école pour environ 45000€. Mais les bailleurs sont réticents.
Nous aimerions pouvoir offrir un repas par jour à tous les enfants.
Nous aimerions les emmener à la mer chaque année : cette année nous ne pourrons pas. L’élan de solidarité après le séisme nous l’avait permis entre 2010 et 2012 ; mais Haïti est un peu oublié. Pourtant il reste beaucoup à faire.
Le terrain de l’association, à Cité Soleil, risque d’être confisqué si nous ne construisons rien dessus. (La mairie s’attribue tous les terrains inoccupés) ; Il y aurait moyen de construite une petite école avec 7 à 8 salles de classe. Elle serait sans doute pleine aussitôt, car Cité Soleil manque d’écoles.