Nos écoles ont tenu toute l’année malgré un contexte terrible de violence et d’anarchie, mais que nous réserve l’avenir ? les autorités haïtiennes elles-mêmes dressent un constat plus que préoccupant.
Un constat alarmant sur l’état de l’école en Haïti.
« Lekòl nan peyi a kraze », (Le système éducatif du pays s’effondre) déclare le ministre de l’Éducation nationale.
C’est un cri du cœur, mais surtout un constat implacable qu’a dressé Augustin Antoine, ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), lors du 17e numéro des Mardis de la Nation ce 15 juillet 2025.
Par Jean Junior Celestin. Le Nouvelliste Haïti
16 juil.
C’est un cri du cœur, mais surtout un constat implacable qu’a dressé Augustin Antoine, ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), lors du 17e numéro des Mardis de la Nation ce 15 juillet 2025. « Le système éducatif du pays s’effondre », a-t-il déclaré sans détour.
« Les journalistes, les parents, les enseignants, je vous annonce que l’école haïtienne est détruite. Cette école telle que nous la connaissons avec tous ses problèmes structurels est détruite », a solennellement déclaré le ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Augustin Antoine.
À entendre le ministre, atteindre 50% de réussite aux examens du baccalauréat serait un exploit inimaginable. « Quand vous avez 120 mille candidats au baccalauréat, si vous avez 50 mille réussi, c’est un motif suffisant pour faire la fête », a-t-il souligné.
À entendre le ministre Antoine, l’école haïtienne ne réussit pas sa mission essentielle d’instruire, éduquer et former. Le ministre a alerté sur un déficit structurel alarmant : sur plus d’un million d’enfants inscrits à l’école, seuls 188 000 atteignent la 9e année fondamentale. « Ce décrochage massif, symptôme d’une crise silencieuse, est attribué à des facteurs systémiques tels que les grèves prolongées, la pauvreté, l’instabilité familiale et le manque de suivi pédagogique », lit-on dans un communiqué de presse de la Primature ce mardi.
Ce décrochage, selon le ministre, peut s’expliquer par un problème d’apprentissage, d’enseignement ou de qualification des maîtres, des enseignants
« En Haïti, l’éducation est presque privée. Or, après une analyse du coût, de la qualité et de l’efficacité, c’est de l’argent gaspillé », déclare Augustin Antoine.
Le titulaire du MENFP a mis en avant les grèves persistantes pour expliquer l’échec du système scolaire. « Rien que cette année, on a connu plus de six mois de grève », a-t-il dit.
Alors que le ministre tire la sonnette d’alarme, certains syndicalistes se demandent pourquoi maintenant, pourquoi le ministre reste-t-il en poste après cet aveu brutal d’un échec collectif.
« Le système éducatif haïtien ne marche pas. On ne fait que gérer la post-catastrophe. Au-delà de tout cela, l’école haïtienne prend une mauvaise orientation. Notre école n’adresse pas nos problématiques de société, comme par exemple la question de l’identité nationale, la réorganisation de l’État ou l’insertion socioprofessionnelle. L’école haïtienne n’est pas utilitaire parce que le type de formation dispensé, de connaissance donné n’est pas en adéquation avec l’évolution du monde », a détaillé le ministre.
Dans un précédent numéro du programme du gouvernement, comparant l’éducation haïtienne à celle de la République dominicaine, il avait soutenu que, « contrairement au pays voisin, où l’école est un moteur du développement, le système éducatif haïtien est dépassé et abstrait ». Selon Augustin Antoine, le système éducatif ne prend pas en compte les transformations sociales et économiques et ne prépare pas efficacement les élèves à la réalité du monde du travail.
