Nouveaux massacres en Haïti

(actualisé le )

La violence augmente et devient de plus en plus tragique, inhumaine et irrationnelle.
Chaque semaine, nous pourrions ajouter le pire au pire...
Le 12 décembre,Petite Rivière de l’Artibonite, une petite ville tranquille il y a quelques années, au milieu des rizières, des bananiers et des manguiers, au milieu de cette plaine qui était le poumon agricole du pays, est situé juste en face de Verrettes, de l’autre côté de la Rivière Artibonite. On peut comprendre la peur des habitants de cette région, craignant que les horreurs perpétrées par les gangs ne les touchent. Ils tuent les habitants, sans épargner les femmes et les enfants.

Cité Soleil a été une nouvelle fois endeuillée le week-end du 9 décembre, par la violence irrationnelle de gangs qui mettent toute la population en danger.

Notre école Fraternité, située à Cité Soleil, est en danger.

Les habitants de Cité Soleil ne peuvent pas quitter ce bidonville car le peu qu’ils possèdent, le plus souvent une simple cabane, c’est dans cette cité. S’ils partent, ce sera encore pire. Ce sera la rue et les dangers sont les mêmes.
Les enfants sont enrôlés de force dans les gangs et deviennent des tueurs drogués et sans aucune réflexion.

N’importe qui, n’importe où peut tomber sous la balles. Les raisons sont d’habitude des guerres entre les gangs, des tentatives de gains de territoires, des confrontations avec la police...des massacres destinés à intimider et terroriser les populations qui s’élèvent contre l’insécurité.
Cette fois, la raison du massacre est complètement incompréhensible pour nous. Les croyances et en particulier celles qui concernent le Vaudou, sont très profondément inscrites dans les esprits. Moins la culture est présente, plus elles sont tenaces. Et une grand partie de la population est hélas illettrée. Ces croyances servent aussi à manipuler la population qui s’accroche à ce qu’elle croit pouvoir guérir les blessures, les maladies, les peurs.

Nous reproduisons un article publié aujourd’hui 9 décembre par France 24 et d’autres organes de presse, l’ONU et le comité haïtien pour la paix et le développement.

Haïti : des violences orchestrées par un chef de gang font près de 200 morts en un week-end à Cité Soleil. (Publié le : 09/12/2024 )
Au moins 184 personnes ont été tuées au cours du week-end à Port-au-Prince, en Haïti, a indiqué lundi l’ONU. Le chef du gang Viv Ansanm, Monel "Mikano" Felix, s’en est pris à des personnes âgées, vendredi et samedi, les soupçonnant d’être à l’origine de la maladie de son enfant.
Nouvelles violences mortelles en Haïti. Au moins 184 personnes ont été tuées au cours du week-end à Port-au-Prince dans le bidonville haïtien de Cité Soleil, lors de violences orchestrées par un chef de gang, a indiqué l’ONU lundi 9 décembre. Cela porte le bilan des victimes "à 5 000 personnes" cette année dans le pays.
"Rien que le week-end dernier [vendredi 6 et samedi 7 décembre, NDLR], au moins 184 personnes ont été tuées dans des violences orchestrées par le chef d’un puissant gang", a indiqué Volker Türk, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, lors d’une conférence de presse à Genève, en Suisse.
"Ces derniers meurtres portent le bilan des morts en Haïti cette année au nombre faramineux de 5 000 personnes", a-t-il souligné, ne donnant pas donné d’autre détail sur les événements survenus durant le week-end dans la capitale haïtienne.
Le quotidien américain New York Times a rapporté pour sa part le meurtre de plus de 100 personnes ce week-end dans la capitale haïtienne en se référant à une ONG basée à Port-au-Prince, National Human Rights Defense Network. Jointe par l’AFP, l’organisation n’a pas répondu dans l’immédiat.
Corps mutilés et brûlés
"Il [le chef de gang] a décidé de punir cruellement toutes les personnes âgées et les pratiquants vaudous qui, dans son imagination, seraient capables d’envoyer un mauvais sort à son fils", a expliqué l’ONG haïtienne Comité pour la paix et le développement (CPD) dans un communiqué.
"Les soldats du gang étaient chargés d’identifier les victimes dans leurs maisons et de les emmener au fief du chef pour y être exécutés", a ajouté CPD qui précise que la plupart des personnes tuées vendredi et samedi étaient âgées de plus de 60 ans, mais des jeunes, qui ont essayé de s’interposer, figurent également parmi les victimes.
"Des sources fiables au sein de la communauté indiquent que plus de 100 personnes ont été massacrées, leurs corps mutilés et brûlés dans la rue", précise le communiqué de l’organisation.
Depuis des dizaines d’années, Haïti pâtit d’une instabilité politique chronique et d’une crise sécuritaire liée à la présence de gangs armés accusés de meurtres, d’enlèvements et de violences sexuelles à large échelle.
La violence des gangs, déjà endémique dans ce pays des Caraïbes, s’aggrave depuis février. Ces derniers contrôlent 80 % de la capitale Port-au-Prince.
Ces violences ont poussé plus de 700 000 personnes, pour moitié des enfants, à fuir leur domicile, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Soutenue par l’ONU et Washington, une mission multinationale de soutien à la police menée par le Kenya a commencé à se déployer cet été.
D’origine africaine et pilier de la culture du pays, le vaudou est arrivé en Haïti avec les esclaves africains. Il avait été interdit pendant l’occupation coloniale française (indépendance en 1804) et n’a été reconnu comme une religion officielle par le gouvernement qu’en 2003.

Haïti : L’attente du pire
Il y a près d’un mois, le pays a frôlé une catastrophe aérienne majeure quand trois avions, à l’atterrissage et au décollage, de l’aéroport de Port-au-Prince, ont essuyé des tirs d’armes automatiques.

Par Le Nouvelliste. Un article de Frantz Duval.
09 déc. 2024

• Il y a près d’un mois, le pays a frôlé une catastrophe aérienne majeure quand trois avions, à l’atterrissage et au décollage, de l’aéroport de Port-au-Prince, ont essuyé des tirs d’armes automatiques.

Ce lundi 9 décembre 2024, un bus assurant le transport public sur la nationale numéro 1, a été criblé de balles. Le chauffeur et des passagers ont été tués ou blessés.
On ne compte plus les décès par balles ou de mort violente qui grossissent chaque jour les statistiques tenues par l’Organisation des Nations unies et par les autres acteurs du secteur des droits humains en Haïti.
On a déjà dépassé les 5000 morts cette année en Haïti. Et le compte n’est pas exhaustif.
Port-au-Prince s’adapte à la disparition des avions dans son ciel. Wharf Jérémie fait partie des territoires perdus depuis des années. Les routes nationales ne sont plus fréquentées par les véhicules privés.
Chaque semaine une nouvelle zone est attaquée. Un nouveau chemin interdit. Routines et traditions s’effacent de la mémoire du quotidien.
La progression rapide des actes criminels, l’étalage de la satisfaction des bandits dans les vidéos qu’ils publient sur les réseaux sociaux, les menaces qu’ils profèrent contre la population et l’Etat, font craindre des jours encore plus sombres alors que les autorités semblent incapables de même rassurer ou de promettre, de manière crédible, une amélioration, sinon que la situation arrêtera de se dégrader.
On perd pied. On s’accoutume.
Ce lundi matin, quand la nouvelle du massacre perpétré au Wharf Jérémie a commencé à circuler, nombreux sont ceux qui ont pensé à un quartier plus proche d’eux où la violence aveugle peut provoquer la même catastrophe.
La banalisation de la violence, sa généralisation, l’impunité qui est comme une autorisation d’aller toujours plus loin dans le crime et la barbarie, l’indifférence et la peur qui lui font cortège s’inscrivent dans une acceptation de l’attente du pire.
En ce mois de décembre 2024, Haïti ne se bat pas pour sortir du cycle de la violence des gangs et de l’impuissance des autorités, le pays s’y habitue. Le pire est l’horizon.
Frantz Duval

Le gang Gran grif de Savien a orchestré une attaque contre les habitants du centre-ville de Petite-Rivière de l’Artibonite, dans la nuit du 10 au 11 décembre 2024.

Par Louis Chadrac
11 déc. 2024 |
lenouvelliste.com

• Le gang Gran grif de Savien a orchestré une attaque contre les habitants du centre-ville de Petite-Rivière de l’Artibonite, dans la nuit du 10 au 11 décembre 2024. Les premières informations des médias locaux chiffrent le nombre des victimes à au moins « 15 habitants tués, dont 2 fillettes et deux garçonnets, 10 maisons brûlées, 3 automobiles incendiées et plusieurs dizaines de personnes enlevées », bien que les forces de police « répliquaient aux tirs nourris des criminels ».
« Petite-Rivière est dévastée et consternée », a indiqué le président de la commission municipale intérimaire, Me Dort Lereste, qui « multiplie les démarches institutionnelles pour tenter de porter assistance à la population ».
Vraisemblablement, les données sont provisoires, car « les bandits, munis d’armes de gros calibres et circulant à motocyclette, opéraient toujours mercredi matin, 11 décembre 2024, au Haut Bouc, au dos du lycée Henri Christophe », a fait savoir James Pierre, P.DG de Ti Rivyè Enfo, qui a rapporté que « des gens kidnappés ont été assassinés en chemin et que des cadavres ont été découverts dans des maisons où tous les résidents furent exécutés. »

« Il faut attendre que les bandits partent pour établir le vrai bilan du drame », a déclaré le responsable de Ti Rivyè Enfo à la rédaction du journal, expliquant que « les Rivartibonitiens, pour la plupart, s’emprisonnent sous leur toit afin de survivre à la fureur des gangsters qui veulent prouver que la présence policière dans la commune ne signifie presque rien pour eux. »
« Tout a commencé dans la soirée du mardi 10 décembre, vers 20 heures 24 minutes, quand des tirs automatiques ont été entendus, pour arriver jusque vers 2 heures a.m. du mercredi 11 », a raconté Horace Bertide.
La porte-parole de la Commission de dialogue, de réconciliation et de conscientisation pour sauver l’Artibonite (CDRCSA) demande aux « membres du Conseil présidentiel de transition et aux ministres du gouvernement de fournir tous les moyens matériels nécessaires aux autorités locales pour anéantir le gang de Savien dans son fief. »
Reconnaissant que « la police et la justice ont une certaine volonté d’accomplir leur mission dans la région », la figure charismatique de la CDRCSA plaide en faveur d’une prise en charge sérieuse du dossier sécuritaire du département de l’Artibonite. » Selon Bertide Horace, « seule une opération musclée de la Police nationale d’Haïti (PNH) et de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) à Savien apportera la quiétude d’esprit à Petite-Rivière de l’Artibonite et dans les différentes communes avoisinantes. »
Trois jours seulement après la récupération du commissariat de Petite-Rivière par les unités spécialisées de la PNH et des membres de la MMAS, le gang Grand grif continue de démontrer sa force. Déjà les Rivartibonitiens s’enfuient à nouveau. Le carnage a été annoncé, vingt-quatre heures à l’avance par ceux qui s’y trouvent encore et qui prédisent, souverainement, le prochain carnage.